Quel est le point commun entre Dr. Dre, Flying Lotus et Frank Ocean ? Réponse dans ce premier épisode « Circonférence » par Radial, qui retrace les déambulations musicales de Los Angeles. Où l’on apprend que gangsta rap et électro ambient font plutôt bon ménage…
Ville des anges, des gangs et du star-system, Los Angeles fascine aussi bien dans le paysage américain qu’à l’international. Toujours surmédiatisée, brassant les clichés, la cité californienne connue comme l’un des berceaux hip-hop dans les 80s devient aujourd’hui, de plus en plus, un épicentre de la scène électro. Du moins, c’est la presse musicale qui veut bien nous le faire croire.
Comment les réalités urbaines influencent-elles la scène musicale locale ? Inversement, de quelle manière les rappeurs, beatmakers et musiciens de L.A. ont-ils façonné l’imaginaire de leur ville ?
Dans une conférence qui s’est tenue en septembre dernier au FGO-Barbara (Paris 18), premier épisode des « Circonférences » organisées par le collectif Radial, le doctorant spécialiste de la beat scene Samuel Lamontagne dessine la radiographie musicale de la deuxième plus grande ville des États-Unis.
La vie dans les quartiers noirs
C’est ici que la première radio électro-rap américaine a vu le jour dans les années 80. Il n’en fallait pas plus pour que Los Angeles devienne rapidement une capitale hip-hop, avec l’émergence de quelques icônes comme Ice-T, Dr. Dre ou le groupe N.W.A. Dans les paroles, dans les clips, ça parle de rue, de gangs, de proxénétisme – bref la vie de tous les jours dans les quartiers noirs de L.A.
Pour casser les clichés et rappeler qu’il n’y a pas que des types qui se font tirer dessus dans les streets de L.A., d’autres vont se tourner vers un style plus à la cool, plus proche des origines du hip-hop : samples jazz, paroles positives et flow plus sophistiqué, on voit émerger Jurassic 5, Dom Kennedy ou encore le crew Odd Future (qui regroupe toutes les futures stars d’aujourd’hui, Tyler The Creator, Frank Ocean, Earl Sweatshirt et autres).
Plus tard avec son rap engagé et subtil, Kendrick Lamar contribuera encore à complexifier l’image du quotidien des habitants de Los Angeles. Parce que les quartiers noirs, c’est aussi ça.
Vers la beat scene
Alors que Detroit ou Chicago font déjà office de métropoles house et techno, Los Angeles se dirige plus doucement vers une identité électronique. Les productions (« beats ») s’émancipent de la présence du rappeur pour être écoutées pour elles-mêmes. La « beat scene » est ainsi lancée par Prince Paul (le producteur de De La Soul entre autres) avec un premier album totalement instrumental, puis s’affirme avec le grand J Dilla qui rejoint L.A.
Tous les mercredis, les soirées Low End Theory rassemblent les nouveaux fers de lance du mouvement, toujours plus expérimentaux. Flying Lotus, Jonwayne, Homeboy Sandman, en faut-il davantage pour faire de Los Angeles « la ville de la beat scene » ?
Aux manettes d’une émission radio lancée en 2014 sur Radio Campus Lille, la radieuse équipe Radial organise des soirées à Paris, Lille ou Lyon. Leur projet « Circonférence » cherche à tracer les contours de la culture club avec une série de conférences animées par des chercheurs, journalistes ou acteurs de la scène. Prochain épisode : « Nouveaux instruments, nouveaux musiciens ? » avec Laurent de Wilde, pianiste jazz et auteur de Les Fous du son.