Comme souvent les belles histoires commencent par de belles rencontres. C’est le cas pour le duo Jaffna, les petits protégés de Thylacine. Le duo composé de Stan et Bravin délivre aujourd’hui Ripples, un EP électro prometteur avec 4 titres aussi délicats que différents. Nous les avons rencontrés quelques jours avant la sortie de leur EP au très joli bar de l’hôtel Le Pigalle.
Manifesto XXI – On va commencer par une question très classique : comment tout cela a-t-il commencé? Comment vous-êtes vous rencontrés? J’ai cru comprendre que votre histoire n’était pas banale!
Bravin : Ça fait deux ans, depuis que je suis arrivé en France… Moi je suis pianiste classique à la base et hum…
Stan : Je vais simplifier! (rires) En fait il a fait une grande école de musique classique en Angleterre où il a rencontré ma sœur qui faisait du chant lyrique. Ils étaient en couple ensemble, ils sont venus en France et c’est là qu’on s’est rencontrés. On a commencé à faire de la musique ensemble un peu par hasard et de la production. Lui a une approche très classique et moi je connaissais bien le milieu électro.
D’ailleurs, ça veut dire quoi Jaffna?
Bravin : C’est une ville au Sri Lanka. Je suis d’origine sri lankaise, c’est un quartier tamoul. Un jour on était en vacances à Oslo, on avait une grande carte du Monde et on cherchait… À un moment j’ai dit « Jaffna! » et on a bien aimé comment ça sonnait.
Comment faut-il l’écouter ce premier EP? Est-ce que c’est une histoire globale ou chaque chanson est-elle indépendante?
Stan : Je pense pas qu’il y ait un vrai fil conducteur entre les quatre. On a essayé beaucoup de choses, on voulait surtout faire de la musique qui nous plaise. Je connaissais un peu Thylacine, on a commencé à lui envoyer nos sons pour savoir ce qu’il en pensait, est-ce qu’on était sur la bonne voie… Et puis finalement il a décidé de travailler avec nous et nous signer sur son label!
Bravin : C’est de la musique électronique pour danser mais il y a des sons, des textures un peu mélangées : du RnB avec « Hear me Out », dans « Elle » il y a un piano un peu jazzy et sur « Waves » un air de guitare électrique. « Immersion » c’est plus un paysage.
Stan : On essaie de trouver le juste milieu, lui a une approche très classique et moi plus “actuelle”. On a beaucoup bossé avec Thylacine, il nous a fait beaucoup de retours.
Si vous deviez associer des couleurs à l’EP ce serait lesquelles?
Stan : Moi je trouve ça gai, un peu le vert de la pochette. Mais chaque chanson est différente.
Bravin : Avec « Immersion » je pense au rouge, parce que ça fait penser à Tokyo et aux paillettes. « Hear me Out » c’est plutôt calme, plutôt bleu.
Quels sentiments souhaiteriez-vous inspirer à vos auditeurs avec ces différentes chansons?
Stan : C’est une bonne question! ça dépend des morceaux. Sur « Waves », j’ai envie que les gens dansent, se sentent bien. « Immersion » tu vas être un peu plus dans ta bulle.
Bravin : Il y a des éléments intimistes, surtout avec « Elle ». C’est un peu sombre.
Stan : « Hear me Out », c’était le moment où The WeekEnd montait pas mal et on a eu envie de travailler la voix. C’est un EP assez joyeux dans l’ensemble, on a essayé d’être très précis sur tous les arrangements en tout cas.
D’ailleurs, à première écoute de l’EP on pourrait penser que votre base principale vient des percussions…
Stan : Ah oui c’est parce qu’il joue du piano comme de percussions! Y a une technique, Bravin était spécialisé Chopin en musique classique.
Bravin : Je suis un grand fan oui, et aussi de musique lyrique. Aussi Debussy, et avec lui c’est vraiment important de garder une touche forte. Le son peut être vraiment liquide mais il a aussi des sons qui peuvent être percutants, violents. Donc dans la composition oui il y a des éléments.
Stan : Oui, on a essayé d’utiliser au maximum ses compétences! Moi déjà j’ai découvert que j’arrivais à chanter. Je n’ai pas du tout une base classique parce que j’étais cuisinier avant. Parfois je chante des choses et il les reproduit directement au piano, c’est génial!
Bravin : Oui il y a une bonne connexion entre nous, c’est vraiment intuitif.
La scène électro française est très riche et se nourrit beaucoup de sonorités d’ailleurs. Quels sont les sons avec lesquels vous aimeriez jouer?
Stan : Forcément la musique indienne!
Bravin : J’ai grandi avec les musiques classiques indiennes et Bollywood. On pense à des percussions indiennes qui sont supers intéressantes, aussi au niveau du chant la base est différente. Après en même temps en ce moment on bosse avec un guitariste à côté et voir un jour peut-être avoir un batteur.
Stan : Plus on avance et plus on a envie de toucher de vrais instruments. En tout cas en live c’est beaucoup plus intéressant. On a été au concert de Bonobo y a pas longtemps et on est pas mal inspirés.
Bravin : On est vraiment dans le moment. Si on est attirés par un truc très dark, rap, on essaie. On est open.
Ces petits grésillements au début de « Hear me out », c’est totalement voulu?
Stan : Oui pour travailler des textures, c’est pas forcément un son mais un bruit. On voulait quand même un fil conducteur. On a beaucoup travaillé sur des pads et justement avec ça le son est plus intime, il s’ouvre.
Et comment cette guitare électrique s ’est-elle introduite dans « Waves »?
Stan : C’est mon pote Julien qui joue. On avait fait toute la base mais on sentait qu’il nous manquait un truc. C’était une impro!
Bravin : On a suggéré quelques notes et enregistré pas mal de choses.
Stan : Dans le live qu’on prépare, Julien joue sur « Waves » et « Hear me Out ». Ça passe super bien!
Des projets pour l’été?
Stan : On fait la première partie de Thylacine à Marseille le 13 mai. Sinon on est sur l’idée de faire le clip de « Waves » avec des drones, un truc marrant! Des nouveaux morceaux, peut-être un clip d’animation, on bosse comme des fous mais on adore ça!