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5 questions à la Kings Factory pour leurs 5 ans

5 questions à la Kings Factory pour leurs 5 ans

C’est la soirée de référence pour le drag king à Paris, une scène qui a fait naître de nombreux talents et fédère un public queer fidèle : bon anniversaire la Kings Factory !

Rendez-vous mensuel dédié à l’art des drag kings, la Kings Factory quitte son QG de la Mutinerie pour célébrer dignement ses cinq ans au Théâtre Clavel avec un maxi line-up. Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas encore, un drag king performe et joue avec les codes de la masculinité comme une drag queen le fait avec ceux de la féminité. L’art king est tout aussi ancien que l’art queen, son univers tout aussi incroyable et foisonnant ; et s’ils ne sont pour le moment pas encore aussi connus du grand public, les drag kings de la scène française ont bien d’incroyables talents à déployer. Et ça c’est notamment grâce à la Kings Factory.

Jésus la Vidange et Thomas Occhio, daddies co-fondateurs de la soirée, ont répondu à 5 questions pour raconter l’évolution de la scène king et de leur art.

Manifesto XXI – Cinq ans c’est un bel anniversaire, êtes-vous fiers du chemin parcouru depuis vos début ? 

Jésus : Bien sûr ! En prenant du recul sur ces cinq ans on se rend compte que la scène drag king a énormément évolué et être partie prenante de cette évolution est une grande fierté. La Kings Factory a beaucoup évolué en 5 ans également, nous avons permis à beaucoup de kings de faire leurs premiers pas sur scène, nous sommes une association loi 1901 depuis l’année dernière avec maintenant 9 membres et nous performons beaucoup moins dans des caves !

Thomas : Absolument ! Tellement de choses ont changé en 5 ans : la Kings Factory est devenue une association, nous nous sommes structurés, nous avons pu travailler avec des universités ou des mairies. Notre travail est de plus en plus connu et reconnu, mais surtout de nombreux kings ont fait leur premier pas avec nous et c’est très émouvant d’avoir pu assister à tout ça. Et il est vrai que nous jouons moins dans des caves. 

La Kings Factory m’a fait passer de jeune homme fou à daddy rangé !

Jésus la Vidange


Comment votre art à chacun a-t-il évolué grâce à la Kings Factory ? 

Jésus : Je pense que la Kings Factory m’a fait passer de jeune homme fou à daddy rangé ! Plus sérieusement c’est le laboratoire idéal pour s’essayer à toutes formes de performances. Pour ma part ça m’a aidé à identifier les fonctions que je préfère occuper en tant que drag king : le hosting de soirée par exemple et me concentrer à nouveau sur la musique. Puis surtout l’essentiel, être au contact de tant de kings talentueux et uniques est vraiment inspirant !

Thomas : Avec la Kings Factory, je me suis surpris en testant des performances dans des lieux très petits mais qui forcent à être créatifs. C’est extrêmement formateur. J’ai pu m’entrainer au hosting, ce qui me terrifiait il n’y a pas si longtemps. Tout comme Jésus, je trouve que côtoyer tous ces artistes uniques est une vraie source d’inspiration. Cela permet un échange et une transmission aussi, pour ne pas perdre toute cette histoire king qui se construit. 

Parmi toutes les performances que vous avez vu et programmé, pouvez-vous choisir deux de vos préférées (oui ce sera dur de choisir) et raconter pourquoi ces shows vous ont marqué ? 

Jésus : La première performance de Lewis Raclette parce qu’il y avait sa maman. C’est tellement rare que les parents viennent à nos shows, c’était un moment marquant et émouvant pour moi.

Thomas : Totalement d’accord, un des plus beaux moments. J’ajouterais un autre évènement, ce n’est pas une performance, mais la Kings Factory qui s’est déroulée après les multiples confinements (4 août 2021). Avec Jésus nous pensions qu’il y aurait peu de monde, un show à Paris au mois d’août devrait être calme. Notre surprise fut totale quand on a vu que les gens faisaient la queue sur plusieurs mètres en dehors de la Mutinerie.  

Notre travail est de s’approprier les masculinités pour les aligner avec les valeurs queers/féministes.

Thomas Occhio

Au début des années 2000, le king n’était pas forcément très bien compris et apprécié par le public lesbien à Paris. Les choses ont-elles vraiment changé aujourd’hui ou reste-t-il encore des préjugés y compris au sein de la communauté ? 

Jésus : La réponse à cette question est très confuse pour moi car beaucoup de choses ont changé notamment le fait que beaucoup de drag kings ne sont pas des lesbiennes et gravitent plus autour d’une communauté queer que strictement lesbienne. Je dirais que plus on sort de nos zones de conforts, plus les préjugés etc… ont la peau dure et il est très difficile de se faire une place en dehors des évènements que nous organisons nous-mêmes. Disons qu’on est passé de l’incompréhension à la tokenisation même dans la commu LGBTQIA+ étendue. 

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Jésus la Vidange © Fred Tingaud


J’aime voir dans l’art king un laboratoire précieux pour le mouvement féministe, par l’humour et l’invention de masculinités alternatives. Qu’en pensez-vous ? Peut-on dire que le king est un antidote au masculinisme ? 

Jésus : Alors oui, pour ma part je vois aussi l’art du drag king comme un laboratoire des masculinités autres/nouvelles. Ceci dit comme tout antidote nous devons être vigilants de bien doser tout ça pour ne pas devenir le poison et reproduire sous couvert de performance/humour/jeu ces masculinités toxiques que nous souhaitons plutôt déconstruire. 

Thomas : Le king permet de jouer avec les codes de la masculinité pour créer nos propres masculinités. Avec le king on va questionner le genre, le déconstruire, proposer notre vision et donc il y a autant de vision qu’il y a de king. Toute cette diversité permet à chacun·e de s’interroger sur les codes/normes imposé·e·s par nos sociétés. Le king, par ce qu’il touche (patriarcat, stéréotypes, hétéronormativité…), s’attaque au cœur même de nos sociétés et certaines personnes ne sont peut-être pas à l’aise avec ce travail-là. Notre travail est de s’approprier les masculinités pour les aligner avec les valeurs queers/féministes. 

Thomas Occhio © Studio Louche


Question bonus : Quels sont vos rêves pour les cinq prochaines années de la Kings Factory ? (collaboration, types d’événements, nouveaux talents…)

Jésus : Continuer sur notre lancée, contribuer encore et toujours à promouvoir les drag kings auprès de la commu et du grand public.

Thomas : Promouvoir les kings partout, tout le temps ! Essayer d’avoir des évènements plus grand public et pourquoi pas des kings à l’Olympia ! Mais en vrai surtout, conquérir le Monde. 


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