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Transmission et mélancolie : retour sur le festival des Rencontres à l’Echelle

Transmission et mélancolie : retour sur le festival des Rencontres à l’Echelle

Le festival des Rencontres à l’Echelle s’est tenu à Marseille du 8 au 18 juin. Cette 17ème édition mettait en avant des projets scéniques multiples, originaires du pourtour méditerranéen et du continent africain. Avec plus d’une vingtaine de représentations, ces performances racontent chacune à leur façon des histoires riches et donnent la parole à celleux qu’on a trop peu l’habitude d’entendre. Nous avons eu la chance de réunir trois artistes du festival lors d’une émission.

Comment raconter l’histoire de son pays, quand nombre des archives qui existent en sont des représentations orientalistes et coloniales ? Peut-on transmettre l’histoire d’une danse, si traditionnelle et fantasmée soit-elle, lorsque celle-ci n’a pas été théorisée, et qu’elle est de plus en plus décriée ? Et comment comprendre d’où l’on vient, lorsque nos parents ont quitté leur pays d’origine, mais sont encore emprunt de la mélancolie du départ ? Enfin, comment se construit-on en tant que personne queer dans des pays qui offrent peu de modèles de diversité ? Ces questions étaient au cœur de la dernière édition des Rencontres à l’Echelle.

Pendant une heure, les journalistes Soizic Pineau et Lila Le Clanche ont échangé avec Alexandre Paulikevitch, Randa Mirza et Hatice Özer, trois auteurices représenté·es par le festival des Rencontres à l’Echelle, pour aborder ces questions de transmission, d’archives et de mémoire, mais aussi de tradition — très présentes dans leurs pièces respectives.

Alexandre Paulikevitch est libanais et spécialiste du Baladi, la mal-nommée “danse du ventre”, une appellation qu’il réfute en ce qu’elle a d’orientaliste et de colonialiste. Icône contemporaine pour la scène queer libanaise, il est l’un des seuls hommes à pratiquer cette danse de façon professionnelle, et présentait aux Rencontres à l’Échelle le Cabaret Baladi : deux heures trente de paillettes, de danse, de fête et de politique.

Randa Mirza est une artiste-photographe libanaise. Elle présentait Strange Land, une performance dans laquelle elle manipule en direct les premières images d’archives du monde arabe. Si Strange Land parle de mémoire collective et d’oubli, Randa Mirza fait également partie de la scène queer libanaise. En dialogue avec Alexandre Paulikevitch, iels soulèvent dans l’émission les défis que leur génération d’artistes queers a dû relever pour s’imposer au Liban.

Hatice Özer présentait elle une pièce intime, montée à quatre mains avec son père. Arrivé en France il y a plus de 30 ans, il vient d’Anatolie centrale, il est ferronnier, taiseux et pudique, mais aussi musicien. Ce sont les questions de perte, de départ, de transmission et de disparition d’une culture d’une génération à une autre, que soulève Hatice en écho avec les vécus de Randa et Alexandre.

Randa Mirza pendant la représentation de Strange Land © Agnes Mellon
Invité·es

Alexandre Paulikevitch, Randa Mirza et Hatice Özer

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Crédits

Animation et écriture : Soizic Pineau et Lila Le Clanche
Réalisation : Djilali
Montage : Soizic Pineau
Musique et habillage sonore : Max Deleus / @heavenklank
Merci à Radio Grenouille pour l’accueil
Un podcast Manifesto XXI produit en collaboration avec le festival des Rencontres à l’Echelle.


Image à la une : Alexandre Paulikevitch et son orchestre lors du Cabaret Baladi le 15 juin 2022, au Mucem. © Agnes Mellon

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