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Le Wonder, L’Amour… Quels lieux alternatifs pour l’art aujourd’hui ?

Le Wonder, L’Amour… Quels lieux alternatifs pour l’art aujourd’hui ?

MANIFESTO XXI Nelson Pernisco

En décembre 2016, on apprenait tristement la fermeture des ateliers Wonder à Saint-Ouen, et la dernière exposition de L’Amour à Bagnolet, qui doit quitter les lieux définitivement le 14 février.

« Après plus de dix mois sans se manifester, la société ACTIVAL INTERNATIONAL, propriétaire du lieu, nous attaque en justice un mois avant la trêve hivernale pour mettre ses dix résidents à la rue, et stopper ses activités, alors qu’aucun projet durable n’est envisagé sur ce terrain. »

Pétition : Sauvons L’Amour

Ces lieux alternatifs artistiques et légèrement punk, si vous ne les connaissiez pas, étaient devenus des références contre-institutionnelles de contre-culture en région parisienne et nous laissent une certaine nostalgie, et l’envie d’en parler en attendant les prochains !

Créés à l’initiative du Collectif Artistique Associatif du canal de l’Ourcq, qui avait vu le jour autour de l’ancien Point G de la rue de l’Ourcq, L’Amour et Le Wonder regroupaient à la fois espace de création, ateliers, espace d’exposition et de diffusion. Le premier se définissait par son interdisciplinarité explosive, entre beaux-arts et arts-déco, cinéma, expositions, ateliers tatouage et concerts…

… quand le second, tout aussi interdisciplinaire, est mieux connu comme lieu d’exposition, performance, diffusion d’art en tout genre, galerie utopique et expérimentale où l’on peut tout exposer, et où personne ne récupère de commission sur les ventes.

MANIFESTO XXI L'Amour Le Wonder Veuve Alvida
« Veuve Alvida », vue d’exposition à L’Amour, mai 2016 © Thomas Smith / The Party Diary
MANIFESTO XXI L'Amour Le Wonder Andrey Zouari
« Drague », photographie du défilé à L’Amour, novembre 2016 © Andrey Zouari

Il existe de nombreux espaces, galeries ou associations dédiés à la jeune création ; mais si des lieux alternatifs comme Le Wonder ou L’Amour sont si nécessaires, c’est parce qu’ils répondent à la volonté de réunir des espaces de création, d’échange et de diffusion sans contraintes, propices à l’expérimentation et à l’interdisciplinarité, encore si pauvrement représentées dans nos institutions nationales, et pourtant nécessaires à l’innovation.

Ces lieux permettent également de temporiser, sur certains points, les discriminations et inégalités multiples encore particulièrement présentes dans le monde du marché de l’art, pourtant garant des moyens financiers et de la réussite d’un-e artiste. Alors que d’un côté le prix d’un atelier, tout comme celui des logements, le rend difficile d’accès pour les artistes de la région parisienne, et que de l’autre l’économie aux commandes de l’art contemporain ne permet pas à chacun de pouvoir présenter son travail, ce sont des endroits permettant de créer et de se confronter directement à la création en train de se faire.

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Agissant d’ailleurs bien souvent sur la vie de quartier au plus près de la population, alors que les institutions artistiques nationales échouent à la tâche, c’est une réelle démocratisation de l’art à tous les niveaux qui se réalise : pour les artistes et pour le public. D’autres lieux sur Paris et en région, comme Jour et Nuit Culture, Le DOC! ou l’association Curry Vavart, permettent également cette rencontre entre création et diffusion, avec leurs identités distinctes. Ces initiatives doivent se poursuivre et surtout se multiplier avec désordre.

MANIFESTO XXI L'Amour Le Wonder Veuve Alvida
©Thomas Smith – mai 2016, événement Veuve Alvida/La Vulve Diva à L’Amour

Heureusement, lorsque certains ferment, la relève arrive avec peut-être, un nouveau Wonder, mais aussi l’ouverture récente d’un nouveau lieu, Le Centre à Pontoise, par des étudiants de l’École nationale supérieure d’arts de Cergy. À suivre !

Pour retrouver encore les artistes du Wonder, l’exposition « It’s a dream » réunissant quatre artistes du collectif, à l’espace Arondit, est ouverte jusqu’au samedi 14 janvier.

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