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[ Trans ] Fishbach + Rouge George, 1ère – Live Report

[ Trans ] Fishbach + Rouge George, 1ère – Live Report

Hier soir (mercredi 30 novembre), on a eu la chance d’assister à l’un des tout premiers concerts des Trans Musicales : la très attendue création de Fishbach, qui sera présentée chaque jour jusqu’à dimanche. Sa prestation était précédée d’un live du rennais Rouge Gorge.

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Première particularité de cette soirée d’ouverture : il s’agissait d’un spectacle assis, spécificité qui permettait pour une fois d’apprécier d’autres plaisirs des musiques actuelles que les mouvements de foule arrosés et suintants, notamment la mise en scène.

Rouge Gorge

Après un apéro animé par un dj set rétro et décomplexé des Superets, Rouge Gorge ouvre la première partie. Bottines noires, pantalon banc, polo à motifs, lunettes à bords transparents et cheveux courts blonds décolorés, Robin Poligné dégage tout de suite quelque chose d’un personnage. Armé simplement de claviers, de systèmes de loops et d’un micro, il défile un set de cold wave dans l’héritage d’Elli et Jacno. Les textes en français, situés quelque part entre simplicité et second degré, sont eux prononcés de manière un peu mécanique, à l’image des mouvements du musicien. Du concert ressort un goût prononcé pour l’expérimentation, la dissonance, ainsi que la performance.
Si l’aspect répétitif et osé du set a pu en froisser certains, il n’en reste pas moins que Rouge George a su bâtir un univers original, et l’assume parfaitement.

Mention spéciale pour la meilleure fin de concert du monde : le musicien se plante au milieu d’un mot, oublie de relancer la musique, crie « Merde ! » dans le silence, puis s’en va. Chapeau bas.

Fishbach

Après une nouvelle entracte bar et dj set, c’est avec impatience que la salle attend Fishbach. Lumières tamisées, décor de stores vénitiens en fond de scène, un vieux fauteuil baroque, de dos. Les trois musiciens tournent lentement le fauteuil pour laisser apparaître la silhouette de la chanteuse. Elle se lève et marche vers son micro, longiligne, classe et fantomatique, fidèle à elle-même. Une introduction inquiétante plonge la salle dans la pénombre et l’étrangeté.

Fishbach enchaîne ses morceaux avec aisance et panache, performant pour la première fois un concert entourée de trois musiciens, deux hommes aux claviers et guitare, et une femme à la basse (on aura reconnu Michelle Blades). Cold wave, colorations eighties, réminiscence de Niagara – les influences sont multiples dans l’esthétique de Fishbach, mais toujours absorbées et ré-exploitées au profit d’un univers singulier.

La musique est admirablement interprétée, et magnifiée par une excellente mise en scène. Lumières travaillées, décors, déplacements dans l’espace, interactions avec les musiciens. Et surtout Flora. Au-delà du chant – pour lequel elle se donne déjà entièrement –, elle joue, danse, grimace, s’assoit, s’allonge, fume une cigarette. Peu loquace face au public, mais éminemment expressive dans son art, Fishbach emporte toute la salle dans son univers macabre et mystérieux. Ses remerciements sont émus, l’ovation, générale. Mortel.

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