Avec un premier EP sorti sous son vrai nom, Romane Santarelli fait partie de ces jeunes artistes qui osent s’exprimer à travers les machines. Entre techno et electronica, Quadri est la première pierre d’une discographie au stade embryonnaire. Nous en avons alors profité pour parler de l’origine de ce projet, ses inspirations, son amour du club et son guilty pleasure pour le rap.
En pleine période de confinement, pas d’autre choix que de se créer un compte Skype ou utiliser des outils de visioconférence pour rencontrer les artistes en tant que journaliste. Surtout quand ces artistes méritent toute votre attention. C’est le cas de Romane Santarelli, nouveau talent originaire de Clermont-Ferrand qui vient de sortir Quadri sous son vrai nom, suite à son projet Kawrites où elle était accompagnée d’une violoncelliste. Une musique downtempo et très imagée, qu’elle a décidé de transformer pour un format plus club et techno, tout en gardant l’essence de son expérience musicale passée : une mélodie épique et une orchestration de synthétiseurs.
Manifesto XXI – Pendant quelques années tu étais la moitié du groupe Kawrites. Revenir avec un projet solo, sous ton propre nom, c’est te rapprocher de la musique qui te correspond le plus ?
Romane Santarelli : Il y a un peu de cela en effet. À la toute base de Kawrites, j’étais toute seule. J’avais commencé l’année de mon baccalauréat en 2016. Puis un an et demi après, j’ai été rejointe par une violoncelliste (Marion Lhoutellier), et nous avons tourné ensemble jusqu’en juin 2019. Donc c’est même un retour aux sources de faire ce projet en solo. J’en ai profité également pour changer de nom, car Kawrites a toujours été imprononçable (rires).
Tu viens de sortir un EP qui s’intitule Quadri avec quatre morceaux. Pourquoi avoir choisi cette traduction ?
Quadri en latin signifie le chiffre 4. Et en numérologie, le chiffre 4 renvoie à des thèmes que je voulais explorer dans ce projet avec notamment le cyclisme (les quatre saisons, les quatre phases de la Lune…), et tout ce qui renvoie à la transformation.
Ce projet est le résultat d’un processus de changement.
Romane Santarelli
Lors de la composition de cet EP, j’ai eu beaucoup de chamboulements personnels dans ma vie. C’était une étape où tout se métamorphosait. Je changeait d’appartement, d’entourage… Et j’ai commencé à sortir dans de nouveaux lieux. Notamment le club.
Cela se ressent : on y retrouve une électro « épique », qui flirte avec la techno. Beaucoup plus club que tes précédents projets. C’était un univers que tu souhaitais explorer ?
Quand j’ai découvert le club, je me suis réellement pris une claque. Notamment au One o One à Clermont-Ferrand. J’y allais de plus en plus, et cette musique avec laquelle au début je prenais beaucoup de distance (même si je l’aimais beaucoup) a commencé à m’obséder. Je faisais le constat que ma musique ne faisait pas danser les gens, et cette volonté devenait de plus en plus grande en moi. Quadri est le fruit de toute cette réflexion.
On y retrouve également des sonorités semblables à celle de Rone ou encore de Bicep. Ce sont des artistes qui t’ont inspirée ?
Carrément. Ce sont des artistes qui font de la musique électronique qui raconte une histoire. C’est une musique très visuelle. J’aime bien l’idée de faire cohabiter cette électro avec celle également qui va tout droit, plus techno.
J’aime quand le cérébral rencontre l’énergie physique dans l’électro.
Romane Santarelli
Quand j’écoute ton projet, je pense énormément à l’univers de Calling Marian. C’est une artiste avec qui tu souhaiterais collaborer ?
C’est marrant que tu me dises cela, car pas plus tard que hier, je l’ai contactée pour un remix d’une des tracks de Quadri. On prévoit de sortir un EP de remixes pour l’été. Et pour revenir à Calling Marian, bien sûr que j’adore ce qu’elle fait, et ça serait génial si cela se fait.
J’ai appris également que tu adorais Vald. C’est vrai ?
Bien sûr. T’as appris ça où ? (rires) J’en ai presque fait une indigestion. Je pense que c’est l’artiste que j’ai écouté le plus dans ma vie.
Ça t’attirerait le beatmaking pour des rappeur·se·s dans un futur proche ?
J’aimerais bien avoir cette casquette-là aussi à terme, dans l’univers du rap. On le voit d’ailleurs que le travail de beatmaking est de plus en plus présent et mis en lumière. Quand tu écoutes des instrus comme celles de Hamza, même si elles semblent simples, je trouve qu’elle sont quasi aussi puissantes que certains morceaux de techno. Mais en ce moment je me concentre plus sur mes projets personnels en tant que Romane Santarelli. Comme je suis d’ailleurs en confinement comme tout le monde à cette heure-ci, je travaille déjà sur un nouvel album.
La première fois que je t’ai découverte, c’était avec le clip de ton morceau « Heroes ». On y suit une boxeuse dans un monde où l’homme est omniprésent. On la voit se battre, pour enfin la retrouver seule à la fin. Tu y vois un parallèle avec le monde de la musique électronique ?
C’est clair, bien évidemment. Pas que dans l’électro, dans la musique en général. Même encore aujourd’hui, en tant que femme, il faut se battre deux fois plus. Je me suis posé la question il y a quelques jours, et je me suis dit que si j’avais été un mec, je pense que je me serais plus reposé·e sur mes lauriers. Mais on est de plus en plus (de femmes), et ça c’est encourageant tout de même. Pour revenir au clip, il est assez sombre. Mais je voulais une happy end également : elle retrouve aussi cet homme qu’on voit au début du clip qui l’aide à remonter. Je voulais finir sur un espoir, c’est sûrement mon côté optimiste sans doute.