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Rock psyché et vintage – Rencontre avec Gandi Lake

Rock psyché et vintage – Rencontre avec Gandi Lake

Gandi Lake

On avait rencontré Gandi Lake il y a trois ans, à leurs débuts, dans une loge de l’Ubu, avant l’un de leurs premiers concerts. Leur univers sonore tenait alors plus d’un « rock 90’s ». Rejoints par un nouveau bassiste, Joseph, et à force de travail en studio et de concerts, ils ont évolué. Avec leur nouvel EP Them, l’univers de Gandi Lake devient un peu plus vintage, avec quelques notes psyché et un chant plus travaillé ; l’écoute n’en est que plus délicieuse. Rencontre avec Arthur (batterie) et Adrien (clavier).

Manifesto XXI – Qu’est-ce qui a changé pour Gandi Lake, depuis trois ans ?

Arthur : Alors déjà, quand on s’était vus à la tournée des Trans en 2014, on n’avait même pas le premier EP, qu’on a enregistré dans un petit hangar de campagne à l’hiver 2015. On a fait un premier EP plutôt garage, c’est ce qu’on voulait faire à ce moment-là.

Adrien : On est un peu plus bruts maintenant. Et puis on a enregistré un deuxième EP, en hiver aussi d’ailleurs.

Arthur : Pour ce nouvel EP, on a fait des pré-prod’ plus peaufinées à la maison, on avait une méthode de travail plus en profondeur.

Adrien : Et puis entre temps, il y a un an, on a changé de bassiste : on a recruté Joseph, le bassiste de The Goaties. Il a apporté une touche plus rock’n’roll, il a aussi rajeuni la moyenne d’âge du groupe ! Sur scène, il a ramené son truc à lui, il est très dansant, plus dynamique.

Arthur : Il est assez « free-full » ! (rires)

Le deuxième EP paraît un peu plus sombre, est-ce le cas pour vous ?

Arthur : En le comparant à Weather Vanes, c’est sûrement vrai. Weather Vanes, c’était une ballade pop ; maintenant, on fait des choses un peu plus profondes. C’est vrai que ce n’est plus pareil, le titre a presque trois ans et demi maintenant. On fait des choses un peu plus profondes. Avant on composait à trois, aujourd’hui c’est plutôt à cinq.

Comment composez-vous ?

Arthur : La composition, c’est plutôt Adrien et Alex.

Adrien : Le taf de Fredo, c’est les paroles. On le laisse s’exprimer mais chacun apporte sa touche. Moi, je tâtonne un peu. En studio, chacun arrange.

Arthur : On est dans une phase comme ça où des compos vont sortir. On devrait sortir deux titres en avril, normalement.

(dérangés dans le bar par Christophe Maé, dit « Le king de l’harmonica », je n’en saurai pas plus…)

Aujourd’hui, où situez-vous vos influences ?

Adrien : Elles sont mouvantes et multiples. On est cinq, donc forcément…

Arthur : On aime toujours les mêmes groupes depuis qu’on s’est rencontrés.

Adrien : On écoute toujours les Beatles.

Arthur : On tripe toujours sur « Follow the Leader » de Foxygen.

Adrien : Foxygen, on aime toujours, ils viennent de sortir leur quatrième album. Mais aussi Mild High Club, un Américain qui a bossé avec Mac DeMarco.

Où en êtes-vous pour les visuels ?

Arthur : Au début, on avait de l’image derrière nous en concert, on a testé mais en fait ça n’apportait pas grand-chose.

Adrien : On se concentre sur la musique, il y a suffisamment à faire.

Arthur : On est toujours dans un visuel au délire aquatique.

Vous avez passé le tremplin des iNOUïS ?

Arthur : Les iNOUïS, ça s’est bien passé, on est contents.

Adrien : C’est toujours un peu spécial comme soirée. Mais c’est sympa, il n’y a pas de concurrence entre les groupes, c’est une cuisine nationale. On se concentre sur le studio. À chaque fois, ce n’est que du plus.

[ndlr : c’est finalement AeroBrasil qui a été sélectionné]

Vous avez joué aux Trans Musicales mais aussi au festival Beauregard, quel retour en faites-vous ?

Arthur : Oh, les Trans, c’est loin. On n’était pas assez bien préparés. Et puis à l’étage, c’est assez bizarre, c’est un peu un couloir avec neuf cents personnes. On est arrivés avec un son très 90’s, on sortait un son plus rock à l’époque.

Adrien : On avait fait notre première résidence. On n’était pas prêts, on était encore jeunes.

Arthur : Après, on est allés faire des dates, et là, c’était top. On a pris nos bagnoles et nos camions, l’apprentissage s’est fait sur le terrain. Mais la claque a été utile ; et puis ça ne se refuse pas, les Trans. On est super contents de l’avoir fait parce que derrière, on a transformé les choses de manière positive. En fait, il faut avancer sans pression. Sur Caen, beaucoup de groupes sont sous une grande pression, ce n’est pas forcément bien. Notre clip était sorti, il y a eu une sorte de micro-buzz, ce qui crée une attente, et du coup, on a pu nous reprocher d’avoir fait un live moyen, mais ce n’est pas grave !

Comment avez-vous évolué ?

Arthur : On avançait à tâtons, on a trouvé notre son à nous maintenant.

Adrien : On fait des résidences studio, on bosse dur avec d’autres gens, ça prend beaucoup de temps. Au début, on ne sait pas forcément ce que l’on veut.

Arthur : Là, ça fait trois ans, un deuxième EP… On commence vraiment à jouer d’un seul homme. On est de plus en plus rodés.

Adrien : On a travaillé pour adapter les morceaux au live, on a réarrangé. On a monté une doublette d’ingénieurs du son qui nous suivent sur tous nos concerts et notre EP. Oui, et puis on était à Beauregard l’année dernière, c’était le jeudi en ouverture, c’était mortel, les conditions sont géniales, c’est une super expérience ! Ça donne forcément de la visibilité. Jouer devant plus de dix mille personnes, c’est super. Les Inrocks suivent aussi notre projet, du coup.

Vos conseils musicaux du moment ?

Adrien : « Follow the Leader » de Foxygen, « These Words » de The Lemon Twigs – des frères de 17 et 19 ans –, John Cunningham avec Fell.

Vous engagez-vous politiquement dans votre musique ?

Adrien : Zéro engagement politique : la musique c’est notre échappatoire, c’est de la bonne fiction, c’est comme lire un roman.

Arthur : C’est notre récréation. C’est aussi s’échapper, grandir. C’est une aventure humaine. Rentrer à 4h du mat’ d’un concert, c’est une super expérience. C’est presque sociologique, ce serait intéressant de traiter de la tournée en sociologie, d’ailleurs. On n’est pas non plus hors-sol, on ne se défonce pas la gueule…

Vous avez une anecdote à partager ?

Adrien : Il y a le coup de Fredo avec sa voiture : il y a deux ans, on est allés à Paris pour un concert, il a garé sa voiture mais l’a perdue. On jouait au China et il ne se souvenait pas de la rue où il s’était garé. Sa voiture a fini à la fourrière.

Arthur : Ah oui, et puis Fredo et Adrien se sont déjà perdus une ou deux fois en rentrant de concert. Plus de quatre heures pour rentrer de Paris.

Adrien : En passant par des routes super glauques et pas du tout éclairées. Pour se tenir éveillés, on se racontait des scénarios de films d’horreur. Une véritable odyssée. Quatre heures de voiture en pleine nuit…

***

Plusieurs dates attendent les Gandi Lake : une carte blanche au Cargö le 9 mars avec deux groupes belges et d’autres dates en Normandie et à Paris, avant de s’envoler pour l’Angleterre en mai.

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