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Rencontre avec Rendez-vous : maîtres des pogos mélancoliques sur le dancefloor

Rencontre avec Rendez-vous : maîtres des pogos mélancoliques sur le dancefloor

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Ça faisait un moment qu’on voulait rencontrer les quatre mecs de Rendez-vous, un des groupes qui a marqué l’année 2016 avec son premier EP dont chaque titre était une pépite post-punk/new wave à la sauce poppers, et qui nous a donné une furieuse envie de pogoter, de taper du pied, de se dire « Putain, ces mecs sont forts ». On a pu leur poser quelques questions pendant le Biches Festival le week-end dernier. Rencontre.

Manifesto XXI – Vous êtes partout cet été ! Pas trop fatigués ?

Non ça va ! Finalement on n’a pas fait tant de festivals que ça et c’était assez espacé. On aimerait même en faire plus !

Manifesto XXI – Sur votre premier EP, comment avez-vous obtenu le son assez brut et pas trop « produit » caractéristique de votre musique ?

Ça a quand même été produit, c’est juste que l’on ne voulait pas quelque chose de trop aseptisé, qui sonne méga plastique. On enregistre étape par étape les différents éléments du morceau, un peu comme un beatmaker, par couches successives.

Manifesto XXI – Qui écrit et qui compose dans le groupe ?

Francis écrit les paroles et sinon on met toutes nos idées en commun dans les compos.

Manifesto XXI – Vous avez un univers visuel très empreint des jeunesses soviétiques, de la violence : ça vous inspire quoi l’imagerie totalitaire ?

C’est politique bien sûr (rires). Non, c’est surtout une esthétique qui nous touche, qui est raccrochée à la musique qu’on fait, qui s’ancre dans une culture un peu industrielle. On aime bien tout maîtriser et pas seulement produire de la musique mais aussi avoir des visuels forts. Il y a des groupes qu’on adore qui ont réussi à se créer une identité visuelle, souvent tu remarques le logo avant même d’avoir écouté la musique et ça peut avoir beaucoup d’impact.

Manifesto XXI – Les clips que vous avez sortis sont tous réalisés à partir d’images d’archives, vous pensez vous mettre davantage en scène dans les prochains clips ?

Les images d’archives c’était surtout une question pratique. Encore une fois, on aime bien tout maîtriser et on avait essayé des trucs qui n’avaient pas forcément marché. Mais on ne va pas se contenter de récupérer des images, les prochains clips seront sûrement mieux réalisés et on apparaîtra peut-être dedans. Il y a une certaine facilité à utiliser des images trouvées sur Internet, des choses très impactantes et que l’on peut détourner. On préfère faire ça qu’un clip un peu cheap.

Manifesto XXI – Il y a beaucoup de super groupes de post-punk/cold wave en ce moment, pourquoi selon vous il y a une envie de revenir au côté dark des années 80 ?

Je crois que l’on vit dans une société oppressante, la vie est assez violente. Peut-être qu’indirectement on s’influence de ce contexte de morosité planante. Après on n’est pas du tout des espèces de gothiques déprimés. Mais forcément il y a une certaine énergie qui provient du climat actuel.

Manifesto XXI – Vous produisez des mélodies hyper énergiques avec des synthés et une ligne de basse qui donnent envie de danser pour finalement dépeindre des univers sombres et brutaux, c’est voulu ce décalage ? C’est souvent le cas dans la new wave comme avec le titre « Ladyshave » de Fad Gadget.

À la base dans la new wave, il y avait des tracks très pop et très dansants avec des paroles hyper lugubres, je pense par exemple à « Enola Gay » de OMD ou « She Lost Control » de Joy Division. Tu peux aller en club les écouter mais quand tu écoutes les paroles tu te rends compte que ça parle de trucs tristes. Toute la culture indus, ce sont des titres très brutaux et en même temps très club, il y a un vrai décalage intéressant. On a tendance à assimiler la danse à quelque chose de joyeux mais ça ne l’est pas forcément.

Manifesto XXI – Vous vous retrouvez tous dans les mêmes univers musicaux ?

Pas forcément. Évidemment, on partage beaucoup de références et c’est pour ça qu’on s’entend bien musicalement et qu’on a ce projet ensemble. Après on est très ouverts, on n’écoute pas que du post-punk et de l’indus. On a une écoute musicale large.

Manifesto XXI – Vous faites partie avec Clara 3000, Pierre-Ange Carlotti, Lotta Volkova et d’autres d’une bande de jeunes créatifs qui font bouger Paris. Plus que musiciens, vous vous sentez membres d’une plus grande entité qui s’entraide et s’inspire mutuellement ?

Oui, carrément ! Il y a une bonne énergie en ce moment qui touche plein de secteurs, aussi bien l’art que la mode. Les codes sont assez cassés aujourd’hui, il n’y a plus les mêmes clivages d’un domaine à l’autre. Si tu parles de marques comme Vetements, il y a un pont qui se fait entre des groupes post-punk comme nous et eux qui piochent beaucoup dans la musique et l’art en général. Paris, pendant longtemps, c’était très frustrant, il n’y avait pas grand-chose de très excitant. C’est assez récent ce renouveau artistique.

Manifesto XXI – À quoi va ressembler votre premier album ? Vous en êtes où ?

On est vraiment au début donc on ne peut pas trop en parler. Il faut le temps qu’on bosse dessus mais on aimerait que ça sorte le plus vite possible, peut-être l’an prochain ! On a envie de profiter du format de l’album pour faire des choses différentes mais il y aura forcément une trame logique.

Manifesto XXI – En festival, à quoi ressemble votre set ? C’est différent d’un concert à plus petite échelle ?

On joue les mêmes morceaux, après l’ambiance et le contexte ne sont pas les mêmes donc le ressenti peut être différent.

Manifesto XXI – Vous avez joué au festival Pete the Monkey, c’était comment ?

C’était cool, il y avait une très bonne ambiance ! On a adoré y jouer.

Manifesto XXI – Et vous défendez la cause des singes ?

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Ah ça on n’a pas trop suivi. Je pensais que c’était juste une mascotte Pete the Monkey. (rires)

Manifesto XXI – Vous avez des anecdotes de concerts à nous raconter ?

On avait joué une fois à Amsterdam et Elliott portait un t-shirt Death in June, c’était dans une espèce de bunker antifa, et c’est pas du tout passé ! Ils ont cru qu’on était un groupe d’extrême droite. De toute façon c’était le soir de la finale de la Coupe du monde donc c’était déjà pourri. (rires) Les quinze personnes qui étaient là n’étaient pas très contentes quoi.

Manifesto XXI – Et votre meilleur souvenir de concert ?

C’était aux Bains Douches quand on a fait notre release party, c’était vraiment cool, il y avait une ambiance de ouf ! On était méga excités parce que c’était la présentation du nouvel EP et on s’était bien mis la pression sur cette date. Malheureusement le lieu était trop petit ce qui était relou parce qu’on n’a pas pu accueillir tous les gens qui étaient venus nous voir, ce qui nous a valu quelques critiques. Des gens ont pensé que c’était prétentieux alors que pas du tout, si on avait pu on aurait fait rentrer tout le monde ! Sinon, le concert au Sonic à Lyon était super aussi !

Manifesto XXI – Il y a des groupes que vous êtes impatients de voir au Biches Festival ?

Splash Wave évidemment ! On a déjà joué avec eux plusieurs fois, ce sont des potes à nous et on ne les a pas vus en concert depuis longtemps. Mais malheureusement on doit faire les balances en même temps sur l’autre scène.

Manifesto XXI – C’est pour quand vos prochaines dates de concert ?

Il y a Rock en Seine en août et le 17 septembre au Café de la Danse avec The Soft Moon.

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