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Électronique éclectique, Decilab expérimente à Rennes

Électronique éclectique, Decilab expérimente à Rennes

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Un peu avant leur prochaine soirée, la Decilab & Friends, qui aura lieu le samedi 20 juin, nous avons rencontré 3 des 8 membres de Decilab, association rennaise : Charles, Thibault et Arnaud, pour parler un peu de leur association, du chemin déjà parcouru et de leurs projets à venir.

MXXI – Chez Decilab vous organisez de nombreuses soirées dans le domaine de la musique électronique, avec chaque fois la prédominance d’un style un petit peu différent, ça va de la techno au hip-hop, en passant par le nu-disco ou la future bass. Le mot clé semble être éclectisme, est-ce que vous pourriez nous définir l’identité de Decilab et nous expliquer ce positionnement ?

Charles : On est parti du constat qu’il y avait beaucoup de soirées avec un genre musical prédéfini à Rennes et nous voulions proposer une réelle diversité, éviter de nous enfermer dans un genre. Il y a de nombreux artistes comme Canblaster, Teki Latex qui puisent leurs influences tant dans la techno que dans le hip-hop par exemple, on s’inscrit dans cette démarche. On travaille à l’évolution de la musique, au mélange des genres.

Thibault : Par contre, on se dirige quand même désormais vers une thématique dominante pour chaque soirée, pour fidéliser le public au concept et lui permettre de nous suivre dans nos nombreux événements.

MXXI – Même pour une soirée finalement très orientée techno comme la Crossfader Session, vous vous êtes distingués par l’imposition d’une contrainte supplémentaire, un line-up entièrement composé de back-to-back avec deux crews (Decilab et NVNA) qui jouaient pour la première fois ensemble, vous recherchez la difficulté non ?

Thibault : On cherche surtout ce qui peut nous différencier des autres associations. A Rennes, il y en a énormément qui proposent actuellement des soirées techno, donc l’idée avec NVNA c’était de partager et co-organiser entièrement une soirée et que le public le remarque. On a donc poussé l’idée du back-to-back jusqu’au bout.

Arnaud : Oui, tous les djs enchainaient des titres, l’un après l’autre, mais même pour l’affiche on a utilisé ce concept de back-to-back, on l’a divisée et nous avons travaillé à deux graphistes !

MXXI – Cette soirée se déroulait en plus au Mondo Bizarro, un lieu plus connu pour ses concerts de punk ou de hard rock, vous êtes clairement décidés à bousculer les habitudes des Rennais, non ?

Arnaud : C’est vrai qu’à l’origine ce club est vraiment une scène rock, punk, mais c’est en train de changer, Bruno le boss du lieu est très ouvert à la diversité, et on a l’impression que les autres commencent à comprendre cette culture électronique…

Thibault : Ce qu’il faut savoir c’est que l’on est aussi très restreint au niveau des salles sur Rennes. Je pense à l’Antipode, l’Ubu, le 1988 Live Club qui proposent des bons line-up électroniques mais qui sont prises d’assaut par les associations rennaises.

Charles : Finalement, c’est par hasard que ça s’est fait au Mondo, on a fait une soirée là-bas pour l’anniversaire du fils du gérant, et on aimait vraiment l’endroit, la proximité avec le public, l’atmosphère générale, ça s’est fait naturellement.

MXXI – Pour le moment les événements de Decilab sont très centrés sur Rennes, est-ce que vous avez pour projet d’étendre votre champ d’action ?

Thibault : On est en relation avec une association nantaise avec pour projet soit de les inviter, soit d’exporter le concept de Crossfader Session, mais on ne sait pas encore comment on va le faire, c’est en cours de réflexion. En fait, on avait d’abord jugé que c’était trop tôt pour nous de nous exporter à Nantes ou ailleurs…

Charles : Le problème reste le suivant : tant que Decilab n’est pas clairement défini aux yeux du public rennais, cela ne sert à rien de s’exporter. Si les gens ne connaissent pas notre concept, nos objectifs et ce que l’on propose, on va juste faire un flop, personne ne comprendra l’intérêt de notre asso.

MXXI – Charles, tu es Dj sous le nom de KONG, Thibault sous le nom d’Evitearc, Arnaud est votre graphiste, Lambert Duchesne fait du Vjing pendant vos soirées… Decilab, plus qu’une association, c’est aussi un collectif d’artistes ?

Arnaud : Nous ne sommes ni un label ni une écurie d’artistes. C’est notre côté artistique et nos spécialités qui nous ont fait nous rencontrer, mais notre désir de créer ensemble se retrouve dans l’asso, on n’est pas juste chacun un pôle fonctionnel, c’est une unité.

Le Vjing avec Lambert par exemple nous intéresse parce que ça accompagne la musique, et on compte exploiter cet univers, par contre, on reste dans le domaine de l’organisation de soirées.

Charles : Même sous KONG ou Evitearc on essaye de proposer, au travers de nos dj sets, ce que propose l’association. Nous sommes plus le reflet de Decilab, on recherche le partage de musique plutôt que le fait de se mettre en avant.

Dans le prochain line-up il n’y a aucun dj Decilab et c’est un choix, notamment parce que l’on commence à avoir des ressources pour inviter des artistes et présenter des producteurs, mais aussi parce qu’on s’est toujours positionnés en tant que promoteurs : c’est un plaisir pour nous d’inviter les producteurs et artistes qu’on aime. Le jour où nous aurons des projets personnels concrets on pourra peut-être se mettre en avant, mais ce n’est pas à l’ordre du jour. On se concentre sur les travaux de l’association avant nos productions personnelles.


Onomatopées Exotiques, mixtape de KONG qui nous présente une partie des influences de l’association

MXXI – Lors de votre dernière soirée, la Bazar #4 au Mondo Bizarro, vous programmiez deux lives, In Love With A Ghost et Les Gordon, c’est une volonté affirmée de promouvoir des producteurs et pas seulement des DJ ?

Thibault : C’est une volonté complètement affirmée. C’était pareil pour la Distillerie au 1988 Live Club où Electric Rescue était en live, de même que E_merge.

Charles : Aujourd’hui il y a énormément de dj, c’est un peu le nouveau rocker, sauf que le djing est plus accessible que l’apprentissage de la guitare ou de la batterie. Donc évidemment, pour nous c’est une volonté d’inviter des producteurs avec un « savoir-faire », des producteurs avec une oreille développée, des instruments ou des machines et un processus encore proche du laboratoire, imprévisible.

Arnaud : Par exemple, Les Gordon enregistre tous ses instruments seul, en termes artistique c’est vraiment fort.

Charles : On n’est pas non plus dans cette démarche à fond pour le club. Notre seul objectif n’est pas de faire danser.

MXXI – Ce soir-là vous receviez aussi Ekali, samplé récemment sur le dernier album de Drake, qui venait de Vancouver pour une première date en France. Comment on se retrouve à programmer Ekali au Mondo Bizarro à Rennes ?

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Charles : En grande partie grâce à Douchka, programmé lui aussi sur cette date. Ils ont fait la Red Bull Music Academy ensemble à Tokyo et sont devenus très proches, c’est un peu une famille cette académie, aussi lorsque j’ai vu qu’il venait en France pour The Sound You Need Festival j’ai tout de suite sauté sur l’occasion.

C’est assez dingue, mais il faut se dire que des artistes comme Ekali ou Pomo, qui jouent à la Bellevilloise à Paris, jouent au Canada dans des petits bars d’une capacité de 50 à 100 personnes…

MXXI – Votre prochaine soirée à venir, la Decilab & Friends se déroulera sur deux lieux différents, aux ambiances différentes et avec une programmation extrêmement fournie, quels sont les deux axes qui guident cette programmation ?

Charles : Deux axes ? Et bien au-delà de la musique, il y aurait, le côté chaleureux et convivial de l’association, puis l’axe dansant. On aura d’abord une première partie de soirée au Mondo Bizarro, plutôt chill, où l’entrée sera gratuite. Tout le monde pourra venir s’y détendre et boire des coups à pas cher. C’est aussi un rappel sur le fait que l’on a commencé nos soirées au Mondo Bizarro. Donc ça c’est pour l’aspect convivial que l’on met en avant. Ensuite, on poursuivra au 1988 Live Club. C’est un peu un symbole d’avancée pour nous puisqu’on a commencé à organiser des soirées là-bas en février et que l’on aura d’autres soirées l’année prochaine dans le club. C’est cet aspect club, plus dansant, que l’on met aussi en avant au sein de Decilab.

Petit rappel du déroulement de la soirée :

De 18H à 00H : au Mondo Bizarro – entrée GRATUITE

LESKA (Les Gordon + Douchka) DJ Set ; In Love With a Ghost DJ Set 

Kesta b2b Ataguiz ; YKGZ ; EVENN  ; 7

De 00H à 06H : au 1988 Live Club – entrée PAYANTE

Douchka b2b Pura Pura ; Dehousy ; Julien de Castilho ; Evitearc ; KONG ; JUL
+ VJING par Lambert Duchesne

Les préventes pour le 1988 Live Club sont à 5€ UNIQUEMENT si vous les prenez au Mondo Bizarro ou sur Internet. Sur place (au 1988 Live Club), l’entrée coûtera 10€.

Toute la programmation disponible sur l’event FB : https://www.facebook.com/events/499141560238781/

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