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Pardonnez mes croyances populaires

Pardonnez mes croyances populaires

Résiste, prouve que tu existes, cherche ton bonheur partout, va, refuse ce monde égoïste

Voilà les paroles qui me sont instinctivement venues à l’esprit quand on m’a annoncé qu’il fallait écrire sur le thème de la résistance. (Et j’assume totalement ma culture populaire !)

Comme un heureux hasard, le 4 novembre, France Gall nous dévoile, au Palais des Sports, l’aboutissement de son projet, la comédie musicale Résiste, qui met en scène ses plus grands tubes, mais surtout ceux de son défunt mari Michel Berger.

Alors que ces succès fonctionnent toujours très bien auprès de la génération qui les a vus naître, on pourrait les croire passés de mode, surannés, tombés en désuétude pour la jeune génération. Et pourtant, on ne peut que constater qu’une petite communauté d’irréductibles jeunes Gaulois résiste encore et toujours aux envahisseurs de la nouvelle variété française pour leur préférer les tubes (à texte) de la fin des années 70 aux années 80, de Michel Berger à Jean-Jacques Goldman en passant par Daniel Balavoine, Renaud ou Alain Bashung.

Bashung+Manifesto21
Pochette d’album d’Alain Bashung avec son mémorable Vertige de l’Amour

En creusant un peu sous la surface, et sans considérer ce nouveau spectacle seulement comme un énième groupe de jeunes chanteurs qui, à l’instar de Génération Goldman et de la Bande à Renaud, reprennent des classiques pour s’assurer un succès populaire, vient alors la question du pourquoi ? Pourquoi ça va marcher ? Pourquoi un tel intérêt pour des musiques qui ont vu le jour bien avant nous ? Pourquoi les jeunes d’aujourd’hui résistent-ils à la musique de leur époque pour préférer les tubes d’autrefois ?

Renaud+Manifesto21
La Bande à Renaud s’approprie et rejoue les plus grands succès de l’icône des soixante-huitards.

Pour les résistants de la première heure, ces musiques ravivent la nostalgie de leur enfance. Ils sont nés avec ces mélodies dans les oreilles et, depuis toujours, ils ont entendu leurs parents chanter ces paroles. Pour certains « Quand la musique est bonne » rappelle les départs en vacances, dans la voiture, avec Papa qui règle le volume pendant que Maman enclenche une cassette dans le lecteur. Et c’est parti, tout le monde entonne le tube à tue-tête. Parce que ça oui, elle est bonne la musique ! Et elle rassemble ! Les grands-parents, les parents, les enfants, toutes les générations sont réunies pour partager un moment de joie et de convivialité.

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Quand la musique est bonne, bonne, bonne, bonne !
Quand la musique est bonne, bonne, bonne, bonne !

Pour d’autres, des paumés de la Génération Y (ce concept à la mode auquel on dit que tu appartiens quand tu as entre 20 et 30 ans), « Le blues du businessman » console et réchauffe le cœur. Comme Claude Dubois, tu as fait des études plus ou moins imposées par l’avis général, quand ce ne sont pas les concours qui ont décidé pour toi et à 25 ans tu as réussi, tu es fraîchement diplômé, mais soudain tu te rappelles que, finalement, tout ce que tu as toujours voulu c’est être un artiste pour pouvoir faire ton numéro. Alors tu vas sur YouTube, tu lances le tube du célébrissime Starmania et tu te sens moins seul dans ton appartement parisien.x

Starmaniax

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Finalement, ces classiques que l’on connaît par cœur ont plus de sens que les hits formatés d’aujourd’hui, aux rythmes dansants, certes, mais aux paroles souvent insipides, immatures, mièvres et sans âme. Les jeunes aficionados des vieux succès de la variété se retrouvent beaucoup plus dans ces textes et arrivent à s’identifier à des chanteurs qui ont pourtant 40 ans de plus qu’eux. Et ça, c’est parce que dans les années 80, les faiseurs de tubes savaient taper dans le mille, dans le vrai et produire des titres plus approfondis et universels sur des tempos plus évolués musicalement parlant. Une longévité qui n’est, semble-t-il, pas prête de s’arrêter au vu du succès de toutes les reprises actuelles qui parlent même aux plus jeunes qui ne connaissent pas forcément les artistes originaux. À une époque où les chanteurs pour adolescents et midinettes ne cessent de se multiplier en tête des charts dans des styles toujours plus divers et variés, et où tout change constamment, certains sont nostalgiques d’une époque qu’ils n’ont pas connue mais où tout bougeait beaucoup moins vite et où l’on pouvait prendre le temps d’apprécier les vrais succès.

Des succès qui font souvent l’unanimité et qui sont devenus des valeurs refuges que l’on n’hésite pas à ressortir en soirée pour être certain de plaire à tout le monde, et pour chanter, danser et s’amuser jusqu’au bout de la nuit.

Vive les années 80, vive la variété, vive les succès populaires et vive la France !

Solène Potier de Courcy

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