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Les multiples facettes de Golden Bug et « V.I.C.T.O.R »

Les multiples facettes de Golden Bug et « V.I.C.T.O.R »

Producteur, remixeur, musicien live, sculpteur, patron de label… Aujourd’hui, on vous fait rencontrer Golden Bug, un personnage kaléidoscopique, à l’image de la splendide scénographie de son live, et de son nouvel album férocement hybride : V.I.C.T.O.R.

Manifesto XXI – Pour les lecteurs qui ne te connaîtraient pas encore très bien, pourrais-tu nous résumer un peu ton parcours dans la musique ?

Golden Bug : J’ai commencé à m’intéresser à la production il y vingt ans, lorsque mes frères m’ont offert pour mon anniversaire une boîte à rythmes Roland TR-808. Petit à petit, j’ai acheté d’autres machines, et commencé à bidouiller des bouts de morceaux dans une cave avec mon bon ami Aurélien Haas de Get a room!. Nous avons sorti quelques disques ensemble sous le nom de Silicon Boogie, et lorsque que je suis parti m’installer à Barcelone, j’ai décidé de créer un nouveau projet : Golden Bug. Mes premiers morceaux sont sortis sur le label munichois Gomma sous forme d’EPs, pour ensuite sortir mon premier LP Hot Robot en 2007. Après une tournée de deux ans et beaucoup de remixes, j’ai fait une pause musique pour ensuite ouvrir La Belle Records, et commencer à travailler sur mon nouvel album V.I.C.T.O.R et mes deux EPs sur le label d’Ivan Smagghe, Les Disques de la Mort.

Pourquoi cet étonnant nom d’album, « V.I.C.T.O.R » ? J’ai lu que ça avait un lien avec un robot télécommandé de ton enfance… ?

Quand j’étais petit, ma mère avait une boutique de jouets qui s’appelait « La Maison du Robot », spécialisée en jouets nippons. Un jour, elle était revenue d’un salon avec un robot gonflable télécommandé qui s’appelait Victor.

J’ai utilisé le nom comme clin d’œil à mon enfance mais aussi pour symboliser en un seul nom l’ensemble des machines qui m’ont aidé à créer l’album.

Quels artistes et œuvres – quelle que soit leur nature – t’ont inspiré pour cet album ?

Je suis curieux de nature, donc j’essaie d’écouter un maximum de musique, même si ce n’est pas évident quand on passe ses journées en studio. Dans pratiquement tous les styles de musique, il y a des choses hallucinantes qui m’inspirent, et je n’hésite pas à piocher dedans pour essayer de créer quelques chose de nouveau. Sur l’album V.I.C.T.O.R, j’ai voulu joindre le dub, l’electronica, le funk, le disco avec des choses plus abstraites et expérimentales basées sur des ambiances et des textures.

On y trouve plusieurs collaborations, comment les as-tu choisies ?

Je travaille la plupart du temps seul en studio, et inviter des amis/artistes à collaborer est toujours un grand bol d’air frai créatif, car c’est difficile de composer douze titres sans se répéter.

Grâce à Julienne Dessagne, Yan Wagner, Pajaro Sunrise, Moscoman, In Fields, Guillaume Atlan, chaque titre a une couleur unique qui donne vie à V.I.C.T.O.R.

Qui a réalisé ton artwork, et quelle lecture en fais-tu ?

Je suis le travail de Lo Siento depuis très longtemps, et je voulais absolument qu’ils fassent la direction artistique graphique de l’album.

Borja Martínez a donc créé avec son équipe tout le projet, en se basant autour de la découpe papier, aussi bien pour la pochette que pour le masque que j’utilise sur mes photos de presse.

C’est un travail de dingue car tout est découpé à la main, et ensuite photographié, pour garder cette sensation de volume.

Je voulais aussi quelque chose de très épuré et qui puisse se décliner à l’infini, pour que tout le projet ait le même support visuel.

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Comment décrirais-tu ton style dans cet album ?

Comme je le disais tout à l’heure, plein de styles musicaux m’inspirent, mais si je devais décrire ma musique, ça serait un mélange de slow techno, de funk robotique et de dub.

Écoutes-tu beaucoup ce qui se passe dans la scène émergente aujourd’hui ? Si oui, quels éléments te réjouissent et quels éléments t’agacent dans les nouvelles tendances, et pourquoi ?

Je reçois beaucoup de musique via les agences de promo, et je trouve qu’on est dans une période géniale créativement parlant, même si ça prend mille fois plus de temps qu’avant pour trouver des titres qui sortent du lot.

Tu as développé une importante scénographie en live, avec qui as-tu travaillé dessus et que poursuivais-tu comme idée visuelle/scénique ?

Je voulais depuis longtemps collaborer avec Søren et Tatiana du studio Desilence, et unir nos deux univers dans un spectacle audiovisuel.

Le nouvel album était l’opportunité idéale pour se lancer, et pendant plus d’un an on a travaillé sur le projet pour trouver les meilleures techniques pour créer V.I.C.T.O.R LIVE.

L’architecte Christian Leibenger nous a aidés à fabriquer une structure mobile, en s’inspirant du fameux jeu des années 1980 « Rubik’s Snake », qui nous permet d’unir musique et image de façon homogène.

Nous avons eu la chance de le faire dans beaucoup de lieux incroyables comme le MACBA de Barcelone, le Sónar Festival, l’ouverture de l’exposition Picasso au MuCEM de Marseille, à Paris, Dakar, Saint-Pétersbourg, Gênes et bientôt à Rome à la villa Médicis. L’idée aussi avec V.I.C.T.O.R LIVE, c’est que ça soit un show en mutation musicale et visuelle permanente, qui évolue au fil des années.

Et côté musique, à quoi ressemble ton live ? Quel matériel utilises-tu, as-tu des instrumentistes avec toi, et que joues-tu ?

Sur scène nous sommes trois, Søren et Tatiana d’un côté, et moi de l’autre. Techniquement, j’ai préalablement décortiqué tous mes morceaux en loops, ce qui me permet sur scène de les lancer en temps réel, d’improviser en les mélangeant, et en passant par des effets externes. J’utilise une Tempest Drum Machine pour envoyer des sons en live, un delay OTO BIM pour traiter des sons, une carte UAD, et je lance mes séquences avec Ableton Live contrôlé par un APC40.

Tu es aussi connu comme un remixeur de talent, qu’est-ce qui te plaît dans cet exercice ? De quel remix es-tu le plus fier jusqu’ici ?

J’aime beaucoup faire des remixes quand j’ai carte blanche et que je sens que je peux apporter quelque chose de différent à la version originale, mais ce n’est pas toujours le cas.

Si je devais en garder un, ça serait Bot’Ox, « The Face of Another », car c’est le remix qui m’a fait avoir un déclic pour me réinventer musicalement après une traversée du désert.

Tu es également le patron de La Belle Records ; peux-tu nous parler un peu de l’identité de ce label ?

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J’ai monté La Belle Records avec Romain Coulon (La Tebwa) et Gennaro (Hot Spell), qui sont de très bons amis, pour sortir la musique que nous aimons.

Nous voulions une identité graphique forte, et c’est l’artiste russe Eugene Soloviev qui s’en occupe, en créant un univers surréaliste autour du monde animal.

On a sorti plus de trente EPs depuis la création du label, et nous sommes super contents de passer au format album pour développer certains projets sur le long terme.

Le premier était V.I.C.T.O.R, qui sera suivi par l’album de Hot Spell, et des sorties d’EPs telles que ceux de Strapontin, In Fields et 2CV.

J’ai lu que tu étais aussi sculpteur, comment cette pratique interagit-elle avec ta pratique musicale ? Ces deux types de création ont-ils un lien pour toi ? 

Pendant ma traversé du désert musicale, je me suis intéressé à d’autres activités artistiques, et j’ai commencé à faire des sculptures et des objets de façon ludique, pour déconnecter.

Ensuite, une des sculptures qui est un robot en résine peint avec de la peinture métallisée est devenue le logo de Golden Bug, donc l’un alimente l’autre pour créer quelque chose de global.

Là, je suis dans une période 100% musique, même si j’aimerais beaucoup quand j’aurai plus de temps créer une installation qui mélangerait les deux, mais avec V.I.C.T.O.R LIVE c’est déjà le cas.

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Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ta carrière musicale/te manquerait le plus si tu devais tout arrêter demain ? 

J’aime beaucoup rester des heures enfermé dans mon studio et bidouiller des sons, mais j’adore aussi l’expérience du live.

Ça me motive énormément de bosser avec Søren et Tatiana et de développer un projet comme celui de V.I.C.T.O.R LIVE.

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