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« Motor of Love », la techno poétique et glacée de Sébastien Chenut

« Motor of Love », la techno poétique et glacée de Sébastien Chenut

Sébastien Chenut, moitié du duo Scratch Massive, dévoile un premier LP solo de techno froide, ciselée, mentale, aux rouages labyrinthiques et troublants comme un dédale de film noir. Poésie glacée ou glace poétique, cet album est définitivement de saison.

Une sortie également symbolique, car l’album inaugure bORDEL, le nouveau label monté par Sébastien et Maud (de Scratch Massive), dans un souci de reconquête d’indépendance et de liberté.

Mieux que de vous offrir trois pages de dissertation sur cet album qui s’écoute et se vit avant de se lire, on a été poser quelques questions à son géniteur.

// SORTIE le 03.02.2017 //

Manifesto XXI – Si, dans un processus inverse à ce qui se fait couramment, tu avais dû écrire un film pour accompagner cet album, quels auraient été le scénario, l’esthétique et l’atmosphère ?

Sébastien Chenut : Ta question est marrante car c’est ce que j’ai fait avec ce projet. Une fois la musique bouclée, j’avais en tête de réaliser quatre vidéos qui raconteraient l’histoire d’un coin de quartier à Los Angeles, avec son banquier qui est en fait un danseur nocturne pour « gang people », sa voisine qui fait ses joggings sur les hauteurs de LA et qui devient addict de ses pas de danse, le chien du voisin qui est addict lui aussi mais pour les bonbons et les sessions Skype avec un autre chien en France, jusqu’à finir par des « dance contests » qui tournent mal…

L’atmosphère est étrange dans ce corner, comme si le temps s’y était arrêté et que les préoccupations étaient différentes.

Trouves-tu qu’il soit encore aisé d’innover dans le style techno aujourd’hui ? Est-ce que c’est une question qui t’as préoccupé pendant la composition de cet album, en t’imposant par exemple des contraintes originales, ou en te faisant une liste noire de tricks de composition et de production à éviter ? 

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Je ne pense pas que  le but ultime soit d’innover en techno, car la techno sera toujours une forme d’innovation musicale. Par contre, je pense que nous sommes plus dans l’approfondissement : rester dans son univers mais l’approfondir, en le poussant à son maximum de modernité, c’est ce challenge qui est vraiment motivant. Donc je ne m’interdis rien en termes de méthode car je pense c’est ce qui fait mon style ; j’aime bien utiliser les mêmes instruments mais de façon différente, aller plus loin avec eux…

Cet album sort sur le nouveau label bORDEL que tu viens de monter avec Maud ; pourquoi était-il si important pour vous de redevenir maîtres du système de diffusion et de promotion de votre musique, dans le paysage professionnel, industriel et médiatique de la musique tel qu’on le connaît aujourd’hui ?

Nous avons eu l’idée de monter bORDEL pour pouvoir développer nos projets en toute liberté, avec nos envies, nos créations visuelles, etc. En plus de nos albums, nous travaillons beaucoup pour la musique de film : on a notre pôle graphique et visuel, on est dans l’image et le cinéma, nous avions envie d’avoir notre propre structure pour cela.

Puis c’est aussi ce qu’il y a de plus excitant, de développer les nouveaux artistes que l’on sort et de les aider à monter leurs projets. Une petite famille en quelque sorte…

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