Lecture en cours
Mondial du Tatouage 2017 : de l’encre et de l’art

Mondial du Tatouage 2017 : de l’encre et de l’art

Mondial du Tatouage 2017 © Anthony Dubois

Le week-end dernier, le sanctuaire du tatouage rouvrait ses portes pour trois jours. Trois jours pour célébrer l’art d’encrer la peau de toutes les manières possibles ; pour admirer religieusement les artistes à l’œuvre, penchés avec concentration sur les lignes et les formes qui s’écoulaient de leurs dermographes ; pour s’adonner à des pèlerinages dans les allées entre les stands de plus de quatre cents artistes tatoueurs venus du monde entier, réunis pour l’occasion ; pour se laisser imprégner par le grésillement entêtant des dermographes en action au fil de ses déambulations, une bière à la main ; pour sentir résonner au fond de ses entrailles les pulsations des baffles, au rythme puissant des notes des différents groupes sur scène lors des concerts.

Le Mondial du Tatouage 2017, à la Grande halle de la Villette, c’était tout cela et bien plus encore pour cette septième édition. C’était l’impression de ne pas avoir assez d’yeux pour tout voir, une immersion au sein d’œuvres d’art en train d’être élaborées, puis minutieusement et patiemment tracées sur la peau avant d’être enfin fièrement exhibées et mises en valeur.

Mondial du Tatouage 2017 © Anthony Dubois
Mondial du Tatouage 2017 © Anthony Dubois

Cette année encore, toute la diversité du tatouage était amplement représentée, mettant à l’honneur styles traditionnels et novateurs. Un jury composé de Filip Leu, Bill Salmon, Luke Atkinson et Kari Barba a récompensé, durant les trois jours, de nombreux tatoueurs ayant réalisé leurs œuvres pendant le Mondial, en leur remettant un trophée réalisé par Bruno « Sailor » Kea et Caro (Mademoiselle a les nerfs) et figurant une sonnette, dont le mécanisme a inspiré la conception du dermographe. Sur scène ont ainsi été remis les prix du « Meilleur petit noir et gris », « Meilleur petit couleur », « Meilleur large noir et gris », « Meilleur large couleur », « Meilleur dos ou intégral » mais également, pour chaque jour, le « Best of day », ainsi que le « Best of show » récompensant le tatouage le plus impressionnant réalisé pendant le Mondial.

Mondial du Tatouage 2017 © Anthony Dubois
Mondial du Tatouage 2017 © Anthony Dubois

De l’autre côté de la scène où se déroulaient les concours se trouvaient huit guitares Fender peintes par des artistes du Mondial, chacune parée du style particulier et des couleurs de l’artiste tatoueur l’ayant passée sous ses pinceaux, incarnant une alliance concrète et matérielle entre le tatouage et la musique.

Au fil de ses déambulations, celui qui aurait eu la curiosité de lever les yeux vers la nef toute de métal et de verre de la Grande halle aurait pu apercevoir l’installation lumineuse Signals du studio Nonotak, réalisée par Takami Nakamoto et Noemi Schipfer, créant une atmosphère immersive et hypnotique.

Au plafond s’étendait un gigantesque carré composé d’une résille géométrique de LED, engendrant diverses formes et impressions au fur et à mesure que les filets de lumière passaient de l’un à l’autre des tubes, courant rapidement d’une extrémité à l’autre de l’installation, se mêlant et s’embrassant dans un ballet lumineux hypnotique.

Une danse visuelle dont l’effet culminant a été atteint lors de la performance Reflections réalisée par Takami Nakamoto et Sébastien Benoits le samedi soir, le premier aux machines et le second à la batterie.

Aux côtés d’une paroi de LED placée au fond de la scène et s’illuminant au rythme du son, à l’instar de l’installation vibrante de lumière embrasant le plafond de la nef, les deux artistes ont créé une expérience d’art total, alliant de manière virtuose et hypnotique la lumière et le son.

Quand bien même il serait plus équitable de parler longuement de chacun des artistes présents lors de cette septième édition du Mondial, on ne vous en présentera que quelques-uns, qui ont particulièrement attiré notre regard et nous ont fait nous demander si l’on n’aurait pas un peu d’épiderme à leur confier pour qu’ils y répandent leur art.

Virginie.B (La Brûlerie - Nanterre, France) • http://www.virginie-b.com/
Virginie.B (La Brûlerie, Nanterre)
Léa Nahon (L’Usine - Liège, Belgique) • http://www.leanahon.com/
Léa Nahon (L’Usine, Liège)
Sake (Sake Tattoo Crew - Athènes, Grèce) • http://www.saketattoo.com/artists/sake-realistic-color-portrait-tattoos/
Sake (Sake Tattoo Crew, Athènes)
Belly (Belly Button Tattoo Shop - Perpignan, France) • http://bellybuttontattooshop.com/belly/
Belly (Belly Button Tattoo Shop, Perpignan)
Ryan Smith (No Regrets Studio - Exeter, Angleterre) • https://www.instagram.com/ryansmithtattooist/
Ryan Smith (No Regrets Studio, Exeter)
Wonka (Humanfly Tattoo - Madrid, Espagne) • https://www.humanflytattoo.com/pages/wonka-works
Wonka (Humanfly Tattoo, Madrid)
Gigi Tattoos (Tin-Tin Tatouages) - Paris, France) • https://www.instagram.com/gigitattoos/
Gigi Tattoos (Tin-Tin Tatouages, Paris)
Ivana Belakova (Ivana Tattoo Art - Long Beach, États-Unis) • http://www.ivanatattooart.com/
Ivana Belakova (Ivana Tattoo Art, Long Beach)
Amy Mymouse (La Lanterne Rouge - Liège, Belgique) • https://www.facebook.com/amy.mymaouse
Amy Mymouse (La Lanterne Rouge, Liège)
Otto Dambra (The White Elephant - Londres, Angleterre) • http://ottodambra.com/#1
Otto Dambra (The White Elephant, Londres)
L'Oiseau (Faubourg Tattoo Club - Collioure, France) • https://www.instagram.com/loiseautattoo/
L’Oiseau (Faubourg Tattoo Club, Collioure)
Brindi Tattoo (Toulouse, France) • https://www.facebook.com/brinditattoo
Brindi (Brindi Tattoo, Toulouse)

Takami Nakamoto et Sébastien Benoits n’ont pas été les seuls à faire vibrer le public durant ces trois jours : quatre autres groupes ont fait de la scène le lieu d’un déversement musical planant, inondant la nef de leurs rythmes percutants et entraînant les corps dans le ballet qu’ils orchestraient.

Le vendredi soir, les cinq Français de L’Esprit du Clan ont été les premiers à répandre leurs notes métalleuses, s’alliant à la voix grave et rauque du chanteur qui emplissait la nef, portée par les distorsions des guitares électriques.

Prenant leur suite, les quatre New-Yorkais de Madball ont diffusé leur énergie hardcore avec fougue et pris possession de la foule, qui devint bientôt, dans la partie la plus proche de la scène, le règne du pogo et des mouvements désordonnés, un défouloir verbal et corporel sur le furieux son de Madball.

Le samedi soir, Carpenter Brut a électrisé la nef entière avec leurs morceaux synthwave dont les vibrations résonnaient au creux du ventre. Les images projetées dans une atmosphère lumineuse rouge sang, extraites de films d’horreur rétro, renforçaient l’effet hypnotique. Le concert se termina en apothéose avec une reprise de « Maniac » de Flashdance. Les premières notes tombées, la foule se mit à entonner unanimement le refrain : « She’s a maniac, maniac on the floor… And she’s dancing like she’s never danced before… ».

Le dimanche après-midi, les cinq Français de Theo Lawrence & The Hearts ont créé une ambiance plus soul, teintée de suavité et de rythmes doucement entraînants pour accompagner les derniers moments du Mondial du Tatouage.

Le dimanche soir, c’est avec regret que nous nous en sommes allés, quittant la nef et ce sanctuaire de l’encre d’art. Des traits, des motifs et des couleurs plein les yeux, le bourdonnement des dermographes encore au creux de l’oreille.

***

Pour relire le compte-rendu de l’édition 2016 :

© 2022 Manifesto XXI. Tous droits réservés.