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L’essence de la forme, une approche du design par Priscille Tariel

L’essence de la forme, une approche du design par Priscille Tariel

Lundi 1er décembre. Il fait froid, il pleut, on est lundi … la journée s’annonce mal. C’était sans compter sur la pétillante Priscille Tariel. Amie d’amie, pas vue depuis une éternité, elle est alors de passage à Paris car son projet de fin d’études de l’Ecole des Beaux Arts d’Angers est présenté au Centre Pompidou. Attend, quoi ? Beaubourg ?! Wow.

L’exposition TransFormations présente les projets de 100 étudiants français des industries de la création « représentatifs de l’excellence dans les écoles françaises ». La crème de la crème en somme.

Le projet Jacques a dit CYLINDRES de Priscille Tariel est simple, et même temps il est riche de sens. C’est en cela qu’il m’intéresse – comme beaucoup de créations minimalistes, la forme simple est au service d’une recherche et d’un objectif plus complexe. Elle cache une réflexion profondément intéressante.

Priscille est partie d’un constat : les objets qui nous entourent ont, en définitive, des fonctions simples et qui sont toujours les mêmes. Une chaise sert toujours à s’asseoir … enfin, disons que c’est sa fonction première. Et pourtant, il existe des centaines de chaises aux formes variées. Des milliers de modèles différents. Vertigineux, non ?

Prenant le contrepied de l’idée selon laquelle le design consisterait à inventer de nouvelles formes à l’infini pour des fonctions immuables, Priscille choisit une forme unique à laquelle elle attribut des fonctions diverses. « La forme est intuitive. Elle est une pure géométrie, dictée de manière arbitraire pour tenir dans la main sans matière spécifique. C’est un cylindre, défini par son diamètre; 50mm et par sa hauteur; 195mm. Cette forme devient un gabarit. » La contrainte formelle, cette exigence de pureté, invite alors chacun à repenser son approche de la forme, des formes qui nous entourent. Priscille nous pose si justement cette question : « En quoi les qualités d’un matériau appliqué à une forme peuvent induire un usage ? ».

A la manière de ce Jacques qui régissait nos cours de récréation, Priscille attribut à ses cylindres une fonction propre, intrinsèquement liée aux matériaux qui les composent ou à leurs découpes. Intrinsèquement liée à la forme donc. Cette forme n’est alors plus anecdotique mais elle est essentielle – c’est à dire qu’elle est l’essence de l’objet que nous tenons dans nos mains.

Comment fait-elle ? Sur chaque cylindre un détail vient guider notre intuition, nous suggère quelle utilisation peut en être faite. Une mèche sur un cylindre de cire ? Jacques a dit tu seras Bougie. Le cylindre s’ouvre en deux pour découvrir un miroir ? L’expérience et la manipulation révèlent ainsi, de façon ludique et si simple, la multiplicité des possibilités qui s’offrent à nous. La forme est donc l’essence de l’objet mais c’est la fonction incarnée dans l’objet qui nous ouvre à la richesse de cette forme – ils sont ainsi liés l’un à l’autre dans un souci de justesse et d’économie. Le minimalisme à l’état pur quoi.

http://cargocollective.com/PriscilleTariel/Diplome/JACQUES

Anne-Sophie Furic

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