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Retour sur l’édition 2017 des Francofolies de La Rochelle

Retour sur l’édition 2017 des Francofolies de La Rochelle

Sur les berges idylliques et sous le soleil ardent de La Rochelle, les Francofolies auront une fois encore réuni près de 150 000 festivaliers autour d’une programmation francophone rassembleuse, pariant sur une mixité entre grandes têtes d’affiche et jeunes projets prometteurs. Parmi ces nouvelles figures de l’émergence, nombre d’entre elles avaient pu profiter du dispositif du Chantier des Francos, un accélérateur de talents reconnu dans le paysage musical.

Nous avons ainsi pu retrouver sur scène de nombreux projets dont nous vous avons déjà parlé au sein du magazine.

La nouvelle scène fait belle impression

Parmi nos coups de cœur, nous retiendrons en premier lieu la cohésion et l’énergie du sextuor INÜIT, projet nantais artisan d’une pop mêlant organique et électronique avec ingéniosité. L’instrumentarium est varié, mettant à l’honneur percussions électro-acoustiques, cuivres, synthétiseurs et superpositions vocales. Une standing ovation magistrale se déploie en récompense de ce set impétueux.

C’est aussi Agar Agar qui nous a une énième fois conquis avec un set sans concession fusionnant influences synthwave, acid, pop ou encore minimale. Un contraste étonnant s’installe entre la stabilité d’Armand et la transe de Clara, pieds nus, affublée d’un sweet Nattofranco orange et de lunettes à verre cyclope. Si la répétitivité des boîtes à rythmes peut parfois lasser, les expérimentations synthétiques et vocales font corps avec un show lumière hypnotisant, pour un voyage aussi théâtral que cosmique. Une radicalité sonore et scénique qui n’a pas forcément transporté l’entièreté d’une assemblée un peu secouée en pleine digestion.

The Pirouettes se font remarquer avec un set très bien mené, agrémenté d’un décor rétro-futuriste aux inspirations aussi eighties que leur musique. Les tubes s’enchaînent pour le plus grand plaisir d’un public connaisseur. L’aspect synthétique du disque est sur scène contrebalancé par la présence autour des leaders de deux instrumentistes de talent à la basse et à la batterie, qui viennent insuffler un peu de groove et de chaleur.

La palme des plus belles instrumentations revient sans hésiter à Octave Noire, qui tisse avec technicité et poésie un univers synthwave progressif et cosmique que ne renierait sans doute pas Jean-Michel Jarre. Même si la voix ne parvient pas à nous convaincre, la musique déployée en live dégage un souffle cinématographique redoutable. Point bonus pour l’intro au thérémine ! 

Tim Dup a quant à lui su nous accrocher avec quelques-unes de ses narrations bien ficelées pouvant rappeler Fauve, accompagnées avec délicatesse au piano, et parfois doublées d’instrumentations électro-hip-hop.

C’est en outre avec regret que nous avons manqué les sets de Killason, Nusky & Vaati, Superpoze, Therapie TAXI et Juliette Armanet (malgré un acharnement d’1h15 d’attente dans un hall bondé et étouffant), dont nous ne doutons pas qu’ils nous auraient certainement ravis.

Quelques têtes d’affiche qui se distinguent

Même si la programmation des « grosses pointures » du festival est nettement moins en phase avec la ligne du magazine, c’est en premier lieu MHD qui marque nos esprits le jeudi soir avec un live énergisant et dansant d’afro-trap qui ne laisse aucun spectateur de marbre.

Le vendredi, c’est Imany qui a retenu notre attention avec un live sincère et chaleureux, entrecoupé de messages d’espoir fédérateurs.

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Bonus de la soirée : l’élégant feu d’artifice du 14 juillet tiré au bord de l’eau.

Samedi soir, mention spéciale pour Mat Bastard (ex-leader de Skip the Use), qui malgré une atmosphère musicale nineties un peu éculée s’impose par un charisme indéniable, doublé d’apostrophes provocatrices. On lui doit notamment une des phrases phares du festival avec son : « (aux plateformes) Les gens qui ont de la thune ça vaaaa ? » (à la fosse) Les gens qui n’ont pas de thunes ça vaaaa ? ». Pour ceux qui n’auraient jamais traîné leurs savates au festival, il faut avouer que l’organisation par étagement en « fosse » / « plateforme 1 » / « plateforme 2 sous chapiteaux avec champagne gratuit », par ordre d’importance des gens et de valeur monétaire des billets, peut sembler quelque peu rétrograde et malaisante. Le chanteur ne manque pas non plus d’écorcher les médias et les professionnels de la musique, et enfin de terminer sur un très punk et bouillonnant : « La jeunesse emmerde le Front national ».

Enfin, dimanche soir, une nouvelle édition s’achève dans la chaleur nocturne sur le set de Renaud, affaibli, tremblant, à la voix rocailleuse et hésitante, mais rayonnant de partage et de sincérité. Monument de la chanson française, il réunit toutes les générations et populations du festival autour des grands titres qui ont fait de lui une légende, entonnés en cœur par un public fervent et solidaire. On lui décerne sans hésiter la palme du set le plus émouvant du festival, qui s’éteint sur une note douce-amère d’unité et de combativité empreintes de nostalgie.

Eléna Tissier et Alice Heluin-Afchain

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