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Rencontre avec La Fine Equipe 23/10/2015 soirée Decilab

Rencontre avec La Fine Equipe 23/10/2015 soirée Decilab

Le 23 octobre dernier, Decilab organisait une audacieuse soirée rennaise sous le signe du beatmaking à l’Antipode, avec à l’affiche le tout premier live du duo Leska (projet commun de Les Gordon & Douchka), puis le quatuor La Fine Equipe, composé de Chomsky, Mr Gib, oOgo & Blanka, notamment bien connu pour ses albums/compilations « La Boulangerie », ainsi que pour avoir fondé le label Nowadays Records, qui signe entre autres l’incontournable Fakear. Rencontre en loges quelques heures avant leur performance.

MXXI – Est-ce que vous pouvez nous raconter en quelques mots comment La Fine Equipe a vu le jour ?

LFE : « On s’est rencontré à Marseille autour du scratch, on était vraiment un groupe de djs, et on avait envie de faire de la musique ensemble avec des platines. Ensuite on a commencé à faire de la musique pour scratcher dessus, puis à faire de la musique tout court, jusqu’à ce que vienne l’envie d’approfondir notre connaissance du son en général. On est alors monté à Paris pour suivre une formation d’ingé son, et on y a rencontré Chomsky, le 4ème membre de La Fine Equipe. Le crew est donc constitué de trois Marseillais et un Parisien. »

MXXI – De quand datent ces premières rencontres ?

LFE : « On s’est rencontré au début des années 2000, puis on a sorti notre premier album en 2008, et commencé à faire des concerts en 2012. A côté de ça on a aussi tous des activités « du côté obscur » de la musique ; Mr Gib un studio d’enregistrement, « OneTwoPassit », Blanka un studio de mastering, « Kasablanca Mastering », et oOgo et Chomsky ont monté le label Nowadays Records, sur lequel on a sorti nos projets, et depuis peu ceux d’autres artistes. »

MXXI – Depuis combien de temps le label Nowadays Records produit-il d’autres artistes ?

LFE : « C’est assez récent, ça fait environ deux ans et demi. C’était pour nous au départ, et là ça fait un an vraiment qu’une équipe s’est créée. On a une team de djs & producteurs avec qui on se déplace et organise des soirées. Par exemple Douchka qui est là ; on travaille avec lui depuis peu de temps et il fait partie des mecs qui ont vraiment intégré la famille Nowadays, donc c’est génial de jouer avec le projet Leska ce soir. »

MXXI – C’est venu comme une continuité dans votre parcours musical cette envie de travailler avec d’autres gens, de fonder votre propre label ?

LFE : « C’est la prolongation naturelle des projets « La Boulangerie », qui sont des projets à mi-chemin entre l’album et la compile, sur lesquels on a toujours invité beaucoup de beatmakers. Comme on invite plein de potes et qu’on a vraiment cette impression de faire partie d’une famille musicale, Nowadays est venu comme une extension naturelle de La Boulangerie, et tous les gens qui intègrent le label font aussi partie de la famille ; c’est humain et musical. »

© Gaëlle Evellin – http://gaelleevellinphotographe.tumblr.com/

MXXI – Est-ce que vous venez à l’origine de formations musicales qu’on qualifierait de « traditionnelles » ou « classiques »?

LFE : « On a tous des notions de musique, on a tous joué d’un instrument, mais on n’a pas une formation poussée là-dedans. Nos compétences c’est plutôt de faire de la musique avec des platines, puis le côté vraiment ingé son, technique, matériel, console etc. »

MXXI – Entre vos débuts et aujourd’hui, le contexte et la scène musicale ont énormément évolués, notamment avec l’explosion des bedroom producers et des beatmakers ; comment vous êtes-vous adaptés à tout ça, et quel regard portez-vous sur ces évolutions ?

LFE : « Nous on trouve ça plutôt cool en fait ce qui se passe… Quand on a sorti la première Boulangerie en 2008, le mouvement beatmaker représentait une microfrange de la musique, et maintenant avec des gars comme les C2C, Fakear etc, qui amènent le beatmaking sur le devant de la scène et qui l’ont rendu super populaire, les gens ont intégré qu’on pouvait faire de la musique avec autre chose que guitare-basse-batterie. »

MXXI – Et que pensez-vous de la scène beatmaking aujourd’hui ? Est-ce que vous trouvez que cette scène a perdu en qualité avec son développement soudain et massif ?

LFE : « Non, c’est juste que ça évolue. Quand on a commencé on se sentait isolé, peu de gens faisaient du beatmaking, et peu de gens s’y intéressaient, que ce soit le public ou les professionnels. Aujourd’hui ça intéresse vraiment des labels, des tourneurs, des radios… En plus l’ancienne scène est restée, quelque part, c’est juste que de nouveaux artistes s’y ajoutent, c’est un simple développement, et c’est plus excitant aujourd’hui car il y a beaucoup plus de monde. »

MXXI – Donc pas trop partisans du « c’était mieux avant » ?

LFE : « Non, pas du tout. Après « c’était mieux avant » éventuellement dans le sens où dans les années 1960-1970 il y avait des styles de sons différents auxquels on est particulièrement attaché, parce que c’est quelque chose qu’on n’arrive plus à refaire aujourd’hui, mais après les sons d’il y a 10 ans par exemple, il y a toujours des mecs qui font des trucs comme ça qui défoncent aujourd’hui. C’est vrai qu’on est des grands amoureux des musiques du passé, mais on adore aussi tout ce qui sort actuellement, il faut juste savoir faire le tri, ce qui est plus dur que pour les vieilles musiques, où souvent le tri a été fait par le temps. »

MXXI – Des noms nationaux ou internationaux que vous soutenez particulièrement ?

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LFE : « Il y a Flying Lotus qui est pour nous une référence, puis toute la nouvelle scène des mecs qui cartonnent, pour ne prendre que les plus connus : Kaytranada, Flume, tout le label Soulection… Il y a une scène française très intéressante, anglaise qu’on adore aussi… Pour parler spécifiquement du beatmaking, en France on a la chance de côtoyer ceux qui sont pour nous parmi les meilleurs gars ; le crew Jay-Fly, dont on sort là l’EP d’un de leurs projets prénommé Unno, mais aussi Christopher Dixit, Phazz & Everydayz… Plus largement il y a Guts aussi qui est un artiste qu’on aime beaucoup, et plein d’autres gens dans ce genre… On a vraiment cette chance de côtoyer des artistes qu’on admire, et en même temps avec qui on est super potes et avec qui on aime passer du temps. En tout cas on trouve qu’en France on a la chance d’avoir une bonne petite scène ! »

MXXI – Des sorties prévues prochainement ?

LFE : « Là on vient de sortir un remix d’une chanteuse qui s’appelle Madjo, et qui vient de rentrer en playlist sur Nova. C’est un morceau sur lequel on s’est éclaté, on a adoré bosser sur ce projet-là. Elle était avec nous à la Machine du Moulin Rouge dernièrement, c’était la première fois qu’on partageait une scène avec elle, on l’a invitée à venir interpréter le morceau. Donc ça c’est une des dernières sorties, et après on a des projets pour l’année prochaine ; on va retourner en studio et se poser un peu, faire moins de live. Là on a encore quelques dates en France, ensuite on va aller en faire un peu à l’étranger, probablement en Asie, puis l’idée c’est d’arriver à s’exporter à l’international, tout en gardant du temps pour bosser sur des nouveaux morceaux pour la suite. »

MXXI – Un avis sur Leska, qui font ce soir votre 1ère partie ?

LFE : « Douchka est chez nous pour son projet solo, on a sorti son 1er EP et il y en a un deuxième qui arrive, et on est aussi très attentifs à ce qu’il fait avec Les Gordon (signé lui chez Kitsuné) au sein du projet Leska, ça nous plaît beaucoup, et on va sûrement bosser avec eux, mais il faut laisser le temps au projet de se développer tranquillement. Mais en tout cas ce qui est super c’est qu’ils se sont vraiment trouvés ; ils ont un binôme qui marche très bien, les compos sont mortelles… ça ne présage que du bon ! »

MXXI – Merci beaucoup !

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On remercie chaleureusement Decilab ainsi que les artistes pour cette excellente soirée où le public et le talent étaient tous deux également au rendez-vous !

Interview de LESKA à venir très prochainement sur Manifesto XXI…

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