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Rencontre avec Douchka

Rencontre avec Douchka

C’est autour d’un café en terrasse sous les premiers rayons de soleil de Printemps que nous avons eu le plaisir de faire la connaissance de Thomas, aka Douchka, jeune Dj et producteur rennais au parcours musical déjà bien fourni du haut de ses 23 ans. Aussi prolixe que passionné, c’est avec spontanéité et bonne humeur qu’il a répondu pendant plus d’1h30 à nos questions diverses, nous dévoilant ainsi un artiste qui bâti son univers sonore en alliant maîtrise des classiques, ouverture sur le monde et projection vers l’avenir.

Le récap’

Originaire de Douarnenez, c’est dès l’âge de 15 ans que Douchka commence à se frotter aux platines chaque samedi soir dans un bar de nuit de la ville : « j’avais même pas l’âge de rentrer là-dedans, encore moins l’âge de bosser, c’était bien blindé et je passais ce que je voulais ! ». A 17 ans, il commence ensuite à organiser des soirées à Quimper, les « Kids Want Techno », et à élargir son réseau : « les soirées marchaient vraiment bien parce que c’était un petit club d’une capacité de 500 personnes, underage à fond, c’était rempli de gamins de 16-17 ans… ça a duré 2 ans et demi avant que le club ferme ». Du fait de ce parcours c’est donc avant tout comme Dj qu’il se définit : « j’ai commencé la production très sérieusement il y a à peine 2 ans, je suis vraiment tombé dans la musique par le djing ». C’est par la suite pour s’inscrire en études supérieures aux Beaux-Arts que Douchka s’installe finalement à Rennes, où il poursuit depuis ses projets musicaux.

Influences

MXXI – Quel est l’univers sonore de Douchka ?

-« J’achète vraiment beaucoup de disques, et quand j’ai des potes qui viennent à la maison et qu’ils regardent ma collection ils ne comprennent pas trop parce qu’il y a vraiment plein de trucs ! J’ai découvert la musique par le prisme de la musique électronique, mais quand j’ai commencé à m’intéresser au hiphop, j’ai voulu connaître toute cette culture donc je me suis mis à bouffer les bouquins de référence pour regarder ce qu’étaient les classiques etc… Donc je peux écouter beaucoup de hiphop, j’adore la scène Midwest en particulier, des gars comme J Dilla, A tribe called quest, Slum Village… des beatmakers comme No I.D.… sinon j’adore Kanye West ! En musique électronique je vais aimer des trucs super club et sautillants comme ce qu’on peut trouver chez Pelican Fly, sinon des gens qui partent vraiment dans des délires un peu loin, comme Sophie… J’adore ce qui se fait chez Future Classic aussi, Flume dont pour moi l’album est un must ! Et puis je vais aimer les trucs IDM barrés de chez Warp, des références qu’on a en commun avec Marc par exemple (ndlr Les Gordon) : Four Tet, Burial, Nils Frahm dont je suis un grand fan… et puis de la pop, j’aime beaucoup Alt-J, Vampire Weekend… enfin c’est vraiment bizarre mais si je devais faire un dj set de 5h un jour, j’essaierai vraiment de pouvoir jouer tous ces trucs-là ! C’est pour ça que j’ai du mal à parler de la musique que je produis aussi parce que je pense à trop de trucs, trop de références ! »

MXXI – Quels sont les labels français que tu recommandes de suivre ces temps-ci ?

-« Clairement Nowadays, ils sont super bons ! J’aime bien ce que fait Roche Musique aussi, Moose Records, On and On… y a vraiment plein de belles choses… Cette scène-là en France va exploser parce qu’il y a plein de mecs qui produisent des supers trucs, et t’as des gars qui commencent à s’exporter aussi ; tu vois un mec comme Stwo, il a signé chez HW&W et maintenant il se retrouve propulsé comme un malade aux Etats-Unis et un peu partout, ou Phazz aussi… ».

Mémoires de live

Quand on lui demande les live dont il garde un souvenir fort, les exemples divers et anecdotiques ne manquent pas : « Ici par exemple à Rennes c’était mon 1er UBU, je savais pas ce que c’était que l’UBU, je venais juste d’arriver à Rennes, et c’est Gaëtan Naël, programmateur de l’Antipode qui est devenu un copain depuis, qui avait entendu parler des Kids Want Techno à Quimper, et qui m’avait fait jouer sur une soirée avec SBTRKT (que je ne connaissais pas à l’époque !), Canblaster et Pantheros666. Je suis arrivé là-bas, j’ai vu la gueule de la salle, j’ai vu que c’était complet, j’avais 19 ans… Et SBTRKT, tête d’affiche, ne voulait plus jouer à l’heure prévue, donc il s’est retrouvé en warm-up, et moi je me suis retrouvé de 3h à 4h30 devant un UBU rempli… J’avais les boules, j’étais vraiment pas bien avant de jouer ! Mais j’ai passé un moment mais de ouf, c’était génial ! »

« Mon 1er festival aussi, Astropolis, c’est le tout 1er festoch que j’ai fait, j’avais 15 ans, j’avais menti à mes parents en leur disant que j’allais à un anniversaire chez des copains alors qu’en fait j’étais allé à Brest en car depuis Douarnenez, j’avais pas de place parce que je voulais aller voir la soirée Ed Banger… Du coup quand tu passes de public dans un endroit à artiste y a toujours ce petit truc trop cool… Et en plus je jouais sur le tremplin, il faisait super beau et ils m’avaient fait jouer sur le toit de la Carène de 1h à 2h30, et pareil c’était chan-mé, y avait toutes les lumières du port, et évidemment tous mes potes de Quimper qui étaient là ! ».

Profession – Dj

Lorsqu’on le questionne sur ce qui fait selon lui la définition contemporaine d’un bon Dj, Douchka insiste avant tout sur la créativité, la prise de risques et la capacité à surprendre le public : « être Dj, techniquement, aujourd’hui c’est globalement à la portée de n’importe qui. […] J’essaie de faire des edits de beaucoup de tracks que je joue pour surprendre le public, j’arrive avec des bootlegs, des remixes fait uniquement pour les dj sets. Préparer un dj set ça me prend des heures, et j’ai jamais fait deux fois le même truc. J’arrive avec des tracklists, et j’ai aucun problème à le dire, qui sont déjà faites, et je vais jamais laisser trainer un morceau plus de 3min. Ça m’ennuie assez rapidement de voir les Djs jouer en club les tops Beatport ou Resident Advisor…  Alors que si l’énergie elle est là, même si le truc est pas bien calé etc. tu t’en fous, si le mec t’entraîne, qu’il joue aux montagnes russes avec toi, je trouve ça bien plus intéressant que d’être sur une autoroute à 130bpm dans un club avec ta bière à 10eur, alors que t’aurais très bien pu rester à la maison avec un casque, t’aurais eu une meilleure qualité audio et le mec à côté de toi t’aurais pas cramé avec sa clope !»

L’après Tokyo 2014 – bilan et actus

Nous revenons ensuite sur l’expérience inédite qu’il a eu l’occasion de vivre à Tokyo pendant deux semaines intensives grâce à sa sélection pour la Red Bull Music Academy 2014, et c’est avec un enthousiasme des plus communicatifs qu’il nous en parle. Il nous décrit en détails le côté surréaliste de l’aventure, les nombreuses rencontres exceptionnelles qu’il y a faites et les liens durables qu’il y a noués. Il serait complexe de retranscrire ici l’intégralité de ce long et fascinant récit mais c’est en tous les cas un bilan catégoriquement positif que le jeune producteur en dresse : « C’était une colonie de vacances de fou furieux, c’était dingue… ça me manque trop, c’était magnifique cet endroit… c’était le plus bel endroit de la planète pour moi ! C’est un tremplin énorme, je conseille à tout le monde de postuler car n’importe qui peut tenter ! […] En sortant de là en 4 mois j’ai trouvé un manageur, un tourneur, un label… […] Et ce qu’il est important de dire aussi c’est que c’est vraiment du pur mécénat, à aucun moment on ne te demande quoi que ce soit par rapport à la marque Red Bull ».

MXXI – Du coup quelle est ta priorité en ce moment ? Tu travailles sur un EP ?

-« Oui l’EP est vraiment la priorité, pour que le truc soit bien et qu’il me plaise vraiment beaucoup. Il y aura 4 titres et que des originaux, parce que j’adore les collaborations mais là j’ai vraiment envie de m’affirmer sur ce projet ».

MXXI – Quelles sont les actualités concernant ton side-project Leska avec Les Gordon ?

« Récemment on a fait un morceau qui sort sur la prochaine compile de Nowadays, et bien que le temps nous manque on va peut-être continuer, faire un EP… à voir ! »

(ici en écoute exclusive chez Tsugi)

douchka 3

Thomas vs Douchka

MXXI – Quelles sont tes passions à côté de la musique ?

-« J’adore la bouffe et le bon vin ! Les soirées vin-fromage-saucisson avec les potes après le marché ! Après comme tout le monde j’adore les bons films et tous ces trucs-là… j’ai aussi bien sûr une passion pour l’image, le design graphique et principalement le design interactif, j’aime beaucoup ce qui se fait en installations numériques, aujourd’hui il y a des gens qui font des trucs à moitié dingues, et je pense que l’avenir du graphisme se fera de manière numérique. Moi j’attends de voir I-tunes proposer des pochettes animées, des trucs comme ça, ça serait vraiment trop cool, et d’ailleurs au Japon il y a plein de designers qui sont à fond là-dessus. Mais oui après la musique moi je suis pas quelqu’un de compliqué, j’aime les trucs simples de la vie ! »

24h dans le casque de Douchka

MXXI – Pour finir on te propose un petit jeu, un contexte = une track, partant ?

-« Ok ! »

-Alors, on commence avec un son pour savourer son café en se réveillant le matin ?

-« I Monster, Daydream in Blue. »

-Pour se balader dans les rues au soleil avec un casque vissé sur les oreilles ?

-« Champion de Kanye west ! »

-Dans le train, instant mélancolique le regard perdu à l’horizon pluvieux… ?

-«  Says de Nils Frahm ».

-Pour se motiver pour une grosse session de taff ?

-« Money de Lido ! »

-Pour une méditation au clair de lune ?

-« Ann River, Mn de Dorian Concept. »

-Pour shaker son booty sur le dancefloor ?

-« Make that booty clap de Dj Funk ! »

-Et enfin pour chiller le dimanche ?

Voir Aussi

-« Jessie Ware… tout l’album de Jessie Ware ! »

MXXI – Un petit mot de la fin ?

Et ben merci Manifesto, c’était cool ! »

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On en profite pour vous dire qu’on a pu apprécier les skills de Dj de Douchka en live vendredi soir lors de la Bazar#4 organisée par Decilab, et qu’il a clairement enflammé la salle avec son set survitaminé, gorgé de basses chaleureuses, d’edits exclusifs et de drop orgasmiques ; on ne vous recommande que trop d’aller vous faire votre propre opinion lors de ses prochaines dates… il sera notamment en live au 1988 Live Club le samedi 3 avril.

douchka bazar#4

© Ftne Production

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Photographie de couverture © Yuzaku Aoki

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Soundcloud

Et en live le 3 avril à Rennes au 1988 Live Club !

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Propos recueillis par Théo Millin, Mathilde Alexandre et Eléna Tissier / Rédaction : Eléna Tissier

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