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Pouvoir Magique, entrez dans le rituel de la techno chamanique

Pouvoir Magique, entrez dans le rituel de la techno chamanique

Lors du très chouette Bateau Music Festival, nous avons eu l’opportunité d’interviewer le prometteur duo Pouvoir Magique, qui a su enflammer le dancefloor du dimanche soir en clôturant les festivités avec un sulfureux set afro-électro. Rencontre avec les alchimistes d’une techno chamanique propice aux meilleures transes de l’été.

Manifesto XXI – Est-ce que vous pouvez nous raconter comment vous avez fondé ce projet ?

Pouvoir Magique : Pouvoir Magique est né en 2011, on avait d’abord chacun un projet distinct, puis on s’est retrouvés à travailler ensemble. Ensuite on a commencé à faire des sons et on est partis sur un concept un peu particulier, une sorte de « techno chamanique ». Tout tourne autour de la spiritualité, de la musique de rituels, mais incorporée dans de la musique électronique. C’est pour ça qu’on a appelé le projet Pouvoir Magique : la magie de la musique, des rituels, avec des inspirations et éléments venant du monde entier : des chants tibétains, brésiliens, africains…

Manifesto XXI – Vous êtes également DJs, vous l’étiez avant d’être producteurs ?

Clément : Je suis producteur, je me suis mis au DJing après. Je produis principalement les sons de Pouvoir Magique mais aussi ceux de Mawimbi, et Bertrand s’occupe plus de l’aspect communication, marketing…

Bertrand : Depuis le début on travaille vraiment en DIY, si on devait se donner un rôle, je suis un peu un manager intégré dans le groupe. Clément fabrique le contenu et moi je développe le contenu. Pouvoir Magique c’est vraiment un échange entre nous, on se consulte sur l’ensemble du contenu, que ce soit au niveau de la production ou au niveau de la communication.

Manifesto XXI – Vous pratiquez des instruments acoustiques à l’origine ou pas spécialement ?

Pouvoir Magique : Non, pas spécialement, on est plus des autodidactes, et on fait surtout de la MAO.

Clément : Je fait un peu de clavier, avec mes bases musicales de solfège ça suffit pour appuyer mes idées mélodiques et ensuite les retravailler.

Manifesto XXI – Vous exploitez beaucoup le field recording pour vos productions ?

Pouvoir Magique : On n’a pas encore eu l’occasion de le faire vraiment, mais Clément a pas mal de percus ou autres objets qu’il s’amuse à enregistrer de temps en temps dans son home studio. Aussi grâce aux banques sonores que tu peux trouver sur Internet et que tu retraites derrière, c’est simple de voyager.

Manifesto XXI – Sous quelle(s) forme(s) vous produisez-vous en live ?

Pouvoir Magique : On fait uniquement des dj sets, où on mixe en back-to-back. On joue nos propres productions, et aussi d’autres morceaux qui correspondent à notre univers. On aime beaucoup travailler nos dj sets, avoir un truc un peu carré et se dire que les gens vont pouvoir voyager en 1h- 1h30, dans le spectre global que représentent à la fois Pouvoir Magique et Mawimbi.

Manifesto XXI – Est-ce qu’un live est en projet ou pas du tout ?

Pouvoir Magique : On a fait un peu de live pendant un moment mais on a abandonné au moment de la création du label. On aimerait d’abord intégrer de la vidéo dans nos dj sets, ça serait cohérent avec l’univers qu’on développe, avec les clips. Ou bien on songe aussi à développer un dj set un peu hybride, avec des pads comme ce que l’on fait lorsque l’on joue avec Mawimbi. Après le live ce sera une autre chose.

Manifesto XXI – Quel est votre lien avec le label Mawimbi ?

Pouvoir Magique : C’est un label qu’on a co-fondé avec trois autres amis, autour du mélange entre musiques africaines et musiques électroniques.

Manifesto XXI – Donc votre nouvel EP est sorti sous Mawimbi ?

Pouvoir Magique : Oui, et on continuera avec notre label pour les prochaines sorties.

Manifesto XXI – Vous produisez aussi des remixes pour Mawimbi ?

Pouvoir Magique : Oui, il y a aussi « Mawimbi Remix ». Clément participe à la production des remixes qui sortent sous le nom Mawimbi mais il est accompagné d’un autre membre du collectif pour chaque projet.

Manifesto XXI – D’où vient cet intérêt, tant dans votre projet qu’au sein de Mawimbi, pour les musiques ethniques ?

Pouvoir Magique : C’est avant tout du feeling et du ressenti personnel sur ce qu’on aime dans la musique. On est attirés par les musiques « ethniques » car elles sont le résultat de cultures fortes entre humain et spiritualité pour la plupart. Les musiques africaines ont commencé comme ça, elles étaient faites pour les rituels funéraires mais pas que… À force de développement et d’écoute tu te rends compte qu’elles sont la base de beaucoup de musiques actuelles, même dans la musique électronique, techno, house… elles sont partout. Ça nous laisse un panel énorme ; la disco, la techno, la house, le dub, la bass… On peut se permettre de tout jouer, parce que tout est influencé par ces musiques et rentre dans le spectre afro-électro de Mawimbi.

Manifesto XXI – Comment qualifieriez-vous votre musique, de la techno tribale, techno chamanique… ?

Pouvoir Magique : On n’a pas d’étiquettes. Dans nos productions il y a un côté plus techno/house, mais dans nos dj sets, il y a un peu de tout ; on va commencer par de la global bass et terminer par de la disco, tout en passant par de la techno, en gardant un fil conducteur. On veut faire voyager les gens. On commence à 100 BPM, on termine à 150. On pourra peut être produire du hip hop à l’avenir tout en gardant cette patte de mélange hybride entre musiques actuelles et musiques traditionnelles.

Manifesto XXI – Par qui a été réalisé « Éclipse », votre nouveau clip ?

Bertrand : Il a été réalisé et post-produit par Clément, c’est pensé comme une BO pour le clip, il a composé la musique pour l’image.

Clément : L’idée du clip m’est venue alors que j’étais devant le dessin animé de Tintin et le Temple du Soleil. Il y a un passage où Tintin est sur le bûcher, prêt à être sacrifié par les Incas, et il est sauvé par une éclipse qui les fait fuir. Ce qu’on voit aussi dans Apocalypto de Mel Gibson. C’est parti de là et ça a évolué dans l’esthétique et l’histoire. Je suis allé chercher un peu partout, je me suis énormément documenté, je voulais donner un esthétisme fantastique. On ne voulait pas qu’il y ait une temporalité inscrite dans le clip, ni que ça soit influencé par tel ou tel pays ou origines. C’est un clip fantasmagorique. Une sorte d’exoplanète…

Manifesto XXI – Vous avez mobilisé une équipe importante pour produire ce clip ?

Clément : J’étais en école de cinéma, donc j’ai eu la chance de pouvoir profiter de l’aide de pas mal de copains. On était une quinzaine à tourner entre déco, maquillage, direction de production… Ils ont tous fait un travail hallucinant. Après en termes de production pure c’était beaucoup d’allers-retours entre Arthur de Seze (directeur de production) et moi-même. Énorme casse-tête entre repérages, disponibilité de tout le monde, pouvoir loger les équipes, trouver les costumes, tourner sur les lieux, etc. C’était important pour moi aussi d’avoir des yeux et une réflexion un peu partout afin de mieux retranscrire ce que j’avais vraiment en tête. À l’image de notre KissKissBankBank, ce clip est un projet autofinancé à 100% et en tant que producteur j’avais envie d’avoir un résultat optimal.

Manifesto XXI – C’est quelque chose qui vous tient à cœur de développer le rapport à l’image, la production de clips ?

Bertrand : À notre époque l’image joue un vrai rôle autour de la musique. Et notre esthétique musicale se marie très bien avec l’image.

Clément : Quand je compose j’ai beaucoup d’images en tête, ça m’aide à créer, et la vidéo, ça appuie vraiment un univers musical.

Manifesto XXI – Vous pensez exploiter le même genre d’esthétique dans vos prochains clips ?

Pouvoir Magique : « Éclipse » est un projet qui a pris beaucoup de temps. Entre l’idée et la réalisation il s’est écoulé trois ans ; avoir l’idée, rassembler l’argent, les équipes, tourner, la post-prod… Le résultat est très bon pour le peu de budget que nous y avons mis, mais si un jour on a des aides ou du budget pour en refaire, ça ira beaucoup plus vite.

Manifesto XXI – Ça vous inspire la musique de film ? Même sur des projets qui ne sont pas forcement les vôtres, comme des courts métrages ?

Pouvoir Magique : Oui bien sûr, on est très très fans. Ce sont les musiques qui nous font le plus voyager.

Manifesto XXI – Comment avez-vous choisi les remixeurs du titre « Éclipse » ?

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Pouvoir Magique : Alors il y a Aero Manyelo et Spoek Mathambo du trio Batuk. Aero Manyelo on le connaissait déjà via Mawimbi, il a déjà joué dans nos soirées, donc c’était un choix naturel.

Flore c’est une Lyonnaise qui fait de très bonnes soirées qui s’appellent Polaar. Ce remix est plus techno/big room. Flore c’est une amie, on a pas mal échangé sur le son, elle est très branchée « bass » mais quand même axée sur la musique qu’on peut promouvoir chez Mawimbi, donc ça s’est fait très naturellement aussi.

Et Loya c’est un artiste qui est originaire de La Réunion, qui a des origines aussi indiennes tamoules, et c’est un artiste qu’on va signer chez Mawimbi à la rentrée. On adore sa musique aussi, et ça a donné une version très originale du son. Son EP va être très intéressant, c’est quelque chose qu’on n’écoute pas ailleurs, et ce remix est une bonne mise en bouche pour l’EP qui arrive à la rentrée. Clément a aussi tourné un clip pour lui, qui sortira bientôt. Donc tout est très relié.

Manifesto XXI – Et la cover de l’EP, vous l’avez choisie comment ?

Pouvoir Magique : On l’a faite nous-mêmes à partir d’une image tirée du clip. Tout est fait maison.

Manifesto XXI – C’est important pour vous justement ce côté fait maison ?

Pouvoir Magique : Oui, on aime bien ça et on a la capacité de le faire. Là c’est vraiment nous de A à Z, à 100%.

Manifesto XXI – Vous vous verriez plus tard évoluer dans le cadre d’une plus grosse structure, ou vous tenez avant tout à votre autonomie ?

Pouvoir Magique : On commence à être de plus en plus entourés. C’est bien de s’appuyer sur des boîtes spécialisées, ça libère du temps et c’est plus pro. On s’entoure de pas mal de gens, mais après on reste à 100% libres de nos choix.

Manifesto XXI – Comment vous êtes-vous retrouvés à jouer ici au Bateau Music Festival ?

Pouvoir Magique : Via des copains qui organisent les soirées « La Piraterie ». Ce sont des gars du coin, ils connaissent bien aussi les organisateurs du Bateau. Ils nous ont recommandés et il semblerait bien qu’on ait passé le casting ! C’est la première année qu’on joue ici et c’est très cool. On aime bien les festivals à taille humaine, avec une bonne ambiance comme celui-ci. Il y a plus de proximité avec le public, c’est convivial, intimiste, c’est ce que l’on aime le plus.

Manifesto XXI – Un petit mot de la fin ?

Pouvoir Magique : Que le bateau ne chavire jamais et longue vie à Manifesto XXI !

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Alice Heluin-Afchain & Eléna Tissier

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