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Labyrinth Ear, son des profondeurs

Labyrinth Ear, son des profondeurs

Emily & Tom - Labyrinth Ear

Des sons et une voix, comme un écho. Des mélodies des profondeurs marines, hors du temps et de l’espace, transperçant nos labyrinthes sensoriels, nous ont happés vers la scène. Labyrinth Ear nous guide dans les méandres de leur univers dans lequel nous aimons nous perdre, encore et encore. Nous avons rencontré Emily et Tom.

Manifesto XXI – Pourriez-vous vous présenter ?

Tom : On vient de Londres mais nous vivons à Bristol. On joue en duo depuis six ans. Nous avons sorti deux EPs et un album. On a fait des concerts un petit peu partout au Royaume-Uni, en Europe et aux États-Unis. On a globalement les mêmes goûts musicaux, on a commencé à faire de la musique juste comme ça, pour le fun. Ce projet est en quelque sorte un accident !

Manifesto XXI – Quand le projet a commencé à devenir sérieux, comment avez-vous défini l’identité du groupe ?

Emily : Je pense que la musique est venue d’expérimentations, la progression s’est faite naturellement, on ne s’est pas assis et dit : « Voilà ce que sera le projet ». C’est venu de l’intérieur. Au début nos instruments étaient assez simples : un micro et un ordinateur. On voulait juste faire de la musique électro à la base et on est très contents du tournant que ça a pris ! C’est quand on a trouvé le nom qu’on s’est dit, c’est ce qu’on veut.

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Manifesto XXI – Comment interprétez-vous votre nom, Labyrinth Ear ?

Emily : Quand tu observes l’oreille anatomiquement, ça fait comme un labyrinthe. Ce labyrinthe reflète la manière dont tu fais l’expérience du monde, ce qui affecte également tes yeux et ton équilibre.

Manifesto XXI – Quel est le meilleur moment de la journée pour écouter votre musique ?

Emily : Pour la plupart des sons le meilleur moment serait la nuit, errant dans les rues. Après je pense que certains morceaux seraient plus à écouter sous un rayon de soleil. J’ajouterais que c’est une expérience personnelle. C’est très contemplatif.

Tom : Notre univers est assez magique, il inspire le rêve, c’est un mélange de différentes choses mises toutes ensemble en fait (rires). Je pense que nous essayons de créer une musique d’atmosphère inspirée par la magie du monde qui nous entoure.

Manifesto XXI – Comment créez-vous vos morceaux ? 

Emily : On les crée tous les deux. Par contre écrire c’est mon truc.

Tom : On commence avec une base simple, ou avec un son qui nous plaît avec lequel on veut faire un morceau, ensuite on construit sur cette base. La plupart de notre musique est faite avec l’ordinateur, on utilise un clavier, on mélange beaucoup de sons différents, et on travaille autour de tout ça. Parfois avant d’entamer un nouveau titre, on va sur YouTube, on écoute plein de choses et on trouve des sons qui nous inspirent.

Manifesto XXI – Concernant les paroles, quels sujets aimez-vous aborder ?

Emily : J’ai écrit sur des choses complètement différentes. C’est toujours quelque chose qui me touche, qui m’émeut. Ça peut être des événements historiques, des éléments d’actualité, les animaux, la nature, mais aussi l’astronomie, la physique et la science.

Manifesto XXI – Quelles sont vos inspirations musicales ? On peut imaginer, par exemple, que vous êtes inspirés par l’Asie quand on écoute « Urchin » en particulier. 

Emily : Oui c’est juste. Je suis très inspirée par la musique traditionnelle chinoise, par les opéras chinois. Je trouve que l’histoire chinoise est vraiment fascinante ! Je suis aussi inspirée par la musique folklorique de tous les pays du monde.

Tom : Je pense que ce sont plus les influences d’Emily. Nous avons des goûts différents mais il y a une fusion pour le projet.

Manifesto XXI – Comment créez-vous vos clips ? Je pense à « Marble Eyes » par exemple. 

Emily : J’ai trouvé un réalisateur très talentueux sur Internet, Aikea Guinea. J’ai découvert qu’il était fan de notre musique. Je lui ai demandé s’il pouvait créer un clip pour nous. Je lui ai donné « Marble Eyes » et lui ai expliqué de quoi ça parlait. C’est incroyable comme il a tout de suite capté l’univers du morceau, c’était sa vidéo. Il vit aux États-Unis, on ne l’a jamais rencontré en vrai mais il a tout de suite compris notre projet, qui nous étions.

Manifesto XXI – Ta voix est comme un écho, mêlé à la musique, on dirait qu’elle vient de nulle part. C’est une sorte de parenthèse hors de l’espace et du temps. À quelle époque aimeriez-vous vivre ?

Emily : Nous voulons que la voix et la musique ne fassent qu’un donc c’est vrai que la voix est assez onirique. C’est un instrument. Je parle parfois de l’univers magique de l’enfance, ce qui peut être relié à une sorte de nostalgie, le fait aussi d’être perdu dans le temps.

Tom : Je me pose cette question parfois. En ce moment, je voudrais être dans les années 70, la musique était assez protestataire à cette époque. On vit dans une époque assez critique je trouve.

Emily : J’ai eu une obsession pour les années 20, le jazz, et le jazz des années 30 mais ce n’était pas forcément une période idéale en terme d’égalité (rires). Mais j’aime aussi les années 70 pour les mêmes raisons : les chansons engagées étaient super !  Peut-être les années 80 aussi ? Je ne suis pas sûre… Pourquoi pas le futur !

Manifesto XXI – Prêtez-vous de l’importance à la mode ? Particulièrement sur scène ?

Emily : C’est assez intéressant. J’ai passé dix ans à porter toujours les mêmes vêtements. J’avais les cheveux très courts, je ne m’intéressais pas à la mode à ce moment-là mais je pense que c’est parce que j’ai travaillé dans l’industrie de la mode auparavant, j’avais pour objectif d’être styliste et je n’étais pas si passionnée par ça en fait. Mais maintenant je suis libre de tout ça. Je sens que je redécouvre les vêtements et j’apprécie à nouveau de jouer avec la liberté que tu as de te montrer au monde, de te présenter aux autres. J’aime vraiment la mode mais je ne sais pas vraiment comment décrire cet amour.

Tom : Moi ça m’intéresse mais je ne sais pas trop en fait, j’aime bien les vêtements, je ne suis pas expert ! La plupart de mes fringues viennent de boutiques vintage.

Emily : Tous mes vêtements sont aussi du déjà-porté ! Le fast fashion ça ne m’intéresse pas, je préfère le long terme.

Labyrinth Ear (Emily) au Tamanoir à Paris ©Cédric Oberlin
Labyrinth Ear (Emily) au Tamanoir à Paris © Cédric Oberlin

Manifesto XXI – Comment vous sentez-vous quand vous êtes sur scène ? La scène est assez vide, ça doit être planant, assez transe…

Tom : Faire des concerts n’était pas forcément naturel pour moi au début. Maintenant j’aime bien. J’essaie juste de rentrer dans la musique. C’est une super expérience, t’es perdu dans ta musique et après tu réalises qu’il y a des gens qui te regardent ! Oui ça a un aspect transe assez fort.

Emily : Je doit fermer les yeux quand je chante. J’ai entendu que ce n’était pas le mieux mais je ne peux pas faire autrement. J’ai besoin d’être dans mon espace. J’essaie le plus possible d’être dans mon état le plus naturel. Je ne sais pas vraiment comme on fait pour être une rock star (rires). Je trouve aussi difficile de parler aux gens car c’est assez dur d’accepter que d’autres personnes soient ici et aiment ce que tu fais. Mais le sentiment de bonheur que tu as en live ou quand tu parles avec les gens est addictif !

Manifesto XXI – Quel élément sur Terre vous définirait ? L’air, le feu, l’eau, la terre ?

Emily : Les eaux profondes de la mer !

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Manifesto XXI – Dans quelle mesure diriez-vous que vous êtes so British ? Avez-vous des icônes britanniques particulières ?

Emily : Je suis pas mal inspirée par la littérature anglaise classique pour enfants. J’aime aussi Kate Bush…

Tom : Je n’y ai jamais vraiment pensé. J’aime bien les trucs un peu populaires, la télé, les films anglais… Je pense. Je ne me sens pas vraiment anglais ces derniers jours en fait… Nous ne sommes pas très fiers de notre nationalité après les récents événements.

Emily : On est plus Européens ! Mais je pense que la météo anglaise nous inspire ! Notre musique est pluvieuse. On crée plus parce qu’on ne sort pas quand il pleut. Si on vivait en Espagne on ne ferait probablement pas autant de musique !

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Manifesto XXI – Comment vous sentez-vous après le Brexit ? Comment décririez-vous l’ambiance dans les rues de Bristol ? (nous sommes au lendemain du Brexit)

Tom : Beaucoup de gens ne l’ont pas vu venir. C’est comme si nous étions dans un pays différent. On est très choqués par le résultat.

Emily : Une bonne partie de la jeunesse se sent abandonnée, c’est notre futur et beaucoup de personnes âgées ont voté pour la sortie… Nous avons le sentiment que beaucoup de gens étaient mal informés.

Tom : Ce qui va se passer maintenant sera assez intéressant parce que beaucoup de personnes ne sont pas satisfaites du résultat. Il y a une pétition, je crois qu’il y a déjà trois millions de signatures pour un nouveau référendum.

Emily : Nous songeons à émigrer, trouver un endroit qui nous accueillera, on offrira de la musique électro-pop ! La majorité à Bristol était pour le remain. C’est une ville plutôt de gauche, les gens sont engagés. L’ambiance est étrange partout.

(Traduit de l’anglais.)

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