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Bleu Toucan, la musique au service d’une cité idéale

Bleu Toucan, la musique au service d’une cité idéale

Bleu Toucan, c’est un duo de copains qui font de la musique électro très ensoleillée. Leur musique est une invitation au voyage, à la détente accompagnée d’amis et de cocktails bien frais. J’ai eu le plaisir de rencontrer Léo, lui s’occupe de la partie son. Son partenaire, c’est Manu, le chanteur. Léo s’est reconverti après un master de géographie et urbanisme, Manu était journaliste. Très vite, Léo me dit qu’il est le membre du groupe qui fait des blagues, et je comprends pourquoi. Il réussit presque à me faire avaler qu’il fait les premières parties de Gad Elmaleh… Je comprends aussi que derrière Bleu Toucan, il y a tout un projet de vie, un peu fou… Jugez-en vous-même.

Manifesto XXI – Comment avez-vous commencé la musique ?

Léo : Nous déjà, on n’est pas des musiciens, on est des arnaqueurs mais des gentils… On n’a pas du tout fait de cursus classique. On est des autodidactes en quelque sorte. Moi c’est un copain qui m’avait prêté un logiciel de son et Manu, je pense que c’est la même chose. Je ne connais pas le solfège, c’est un peu freestyle, au feeling quoi…

Manifesto XXI – Pourquoi avez-vous créé ce projet musical ?

Léo : Nous, on est contre le fait de travailler. On aimerait bien créer une société parallèle où les gens cool viendraient et où on ne ferait rien. On construirait nos cabanes et on habiterait ensemble. Un truc hippie, mais sans hippies et avec des animaux. L’objectif de Bleu Toucan c’est ça, c’est de créer un village. On voudrait créer une cité, Toucanpolis, peut-être Toucanopolis, avec un maire qui serait un roi dirigeant cette ville de manière autoritaire mais très axé sur la branlette… On fait de la musique pour faire passer le message.

Manifesto XXI – Quand on écoute, c’est ambiance chill, palmier, farniente, j’imagine que c’est ce que vous voulez transmettre ?

Léo : Oui, je voudrais que les gens soient heureux en écoutant ma musique. Nous on fait de la musique pour apporter des émotions positives, il y a un peu de nostalgie parfois, mais positive, le but premier c’est de retranscrire les émotions. Mais le but derrière tout ça, c’est la société que l’on veut créer, sans notion de travail. On aimerait faire les choses par nécessité, et non parce qu’on est payés pour le faire. Bien sûr, on ira au soleil, pour vraiment profiter. On veut créer une société qui nous ressemble.

Manifesto XXI – Comment composez-vous ?

Léo : En général, moi je fais la musique et je l’envoie à Manu. Lui, il créée d’abord la mélodie en général, puis les paroles. C’est une façon de fonctionner hyper instinctive, c’est notre côté animal, notre côté toucan. On compose sur l’instinct du moment. On est habités par l’esprit du toucan bleu, et il nous guide pour pervertir la jeunesse !

Manifesto XXI – Pas de message politique ?

Léo : Non pas la politique, ça ne nous intéresse pas, la philosophie plutôt. De toute façon on sera bientôt Toucanpolitains !

Manifesto XXI – En live, ça ressemble à quoi de venir voir Bleu Toucan ?

Léo : C’est un grand n’importe quoi, ça ressemble un peu à regarder la construction d’une piscine dans le sud-ouest. Il n’y a pas vraiment de plan, on ne se dit pas « Tiens là on va faire ça, et là ça ». C’est à l’instinct, c’est tout le temps à l’instinct.

Manifesto XXI – Tu peux me raconter l’histoire du nouvel EP, Origami ?

Léo : C’est le récit de notre voyage en Asie. Le premier EP, Salade de Fruits, c’était le résumé de notre voyage en Amérique du Sud. Ce voyage a été très mouvementé, on a beaucoup fait la fête et perdu notre âme bleue. On a dû faire une sorte de quête philosophique en Asie pour récupérer le modjo bleu. Origami c’est la recherche de cette âme bleue… On l’a retrouvée grâce au vol du cygne, un chant enseigné par un chaman, maintenant on est prêts à repartir de l’avant pour construire cette société. Le Toucan Bleu ou Bleu Toucan c’est vraiment cette force de transmettre le message qu’il faut arrêter de travailler et venir rien bra**** avec nous !

Manifesto XXI – Vous travaillez avec d’autres personnes ? Qui sont vos partenaires, que ce soit pour le visuel ou autre ?

Léo : Manu et moi, on ne s’occupe pas des à-côtés. Mais aujourd’hui la musique, ça se regarde aussi, ce n’est plus juste de l’écoute. On a notre mot à dire dessus mais on ne s’en occupe pas. Pour le visuel, il me semble que c’est Studio Bonus, on s’est inspirés de l’artiste japonais Hokusai, c’était notre envie de retransmettre. Sinon il y a Nicolas Lockhart, notre paon fétiche, il s’occupe de la production de nos morceaux et il est vraiment excellent.

Hokusai, La Vague

Manifesto XXI – Comment avez-vous rencontré votre label ?

Léo : Sur Internet. On aimait le nom du label, « Profil de Face », on s’est dit que ces mecs-là, ils avaient l’air de faire un peu n’importe quoi, on a eu envie de faire ça avec eux, on leur avait envoyé des démos et on est tout de suite tombés amoureux. Ils nous aident vraiment sur le travail de démarchage, le juridique, tout ce qui ne nous intéresse pas. Eux ils travaillent !

Manifesto XXI – Qui sont les nouveaux artistes français qui vous inspirent en ce moment ?

Léo : J’adore Sébastien Tellier. Souvent je cite des morts aussi, j’adore Gainsbourg. J’adore la poésie. Dans la nouvelle génération, je ne les connais pas vraiment. L’inspiration nous vient rarement d’autres artistes mais plutôt de situations. Je suis à la fenêtre, il y a un oiseau, c’est joli, ça m’inspire. Ce sont des instants de vie qui m’inspirent, ça peut être une blague ; si je marche dans un chewing-gum bien rose et qu’il y a des fils quand je relève le pied, ça peut m’inspirer aussi.

Manifesto XXI – Vous allez faire des clips ?

Léo : Oui, on veut que « Hanoï Café » soit notre tube international, donc on fait un clip.

Manifesto XXI – Une anecdote amusante à partager ?

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Léo : Un petit truc marrant qu’on a fait, on a fait un concert dans un hôtel mais sous les couettes, on était en jean et en pull, c’était une horreur, il faisait une chaleur tropicale, genre 50 degrés. Les gens transpiraient, puaient, ils étaient dégueulasses, c’était super. Ah oui aussi, une fois on a fait un concert à Londres et juste avant on avait mangé dans un restaurant qui s’appelait le Hanoi Cafe. Du coup c’est pour ça qu’une de nos nouvelles chansons s’appelle comme ça. Sinon une fois Manu, il a marché dans une crotte de chien… (Rires) Moi jamais, j’ai un truc sur mes chaussures qui me protège. Ah oui et une fois, on a joué avec Digitalism au Badaboum, on avait beaucoup fumé, on s’est fait engueuler, en allemand, c’est brutal l’allemand…

Manifesto XXI – Vous travaillez ou « ne travaillez pas » sur quoi en ce moment ?

Léo : Moi je construis une piscine dans le Sud. Manu, il fait des chemises, il aime la couture. Puis on compose toujours, mais ça c’est pas du travail. Sinon on suit l’Euro, on est des grands fans de foot ! On voudrait sortir un hymne pour soutenir l’équipe de France, on est Bleu Toucan, ils sont bleus. Pogba a pris sa carte à Toucanpolis, il sera l’un des premiers à nous rejoindre !

Manifesto XXI – Le but ultime de Bleu Toucan ?

Léo : Le but c’est de faire venir le plus de monde possible, mais que des gens cool. On essaie de diffuser la parole. On veut construire un village, qui deviendra super grand, et on veut voyager pour qu’il y ait le plus de gens possible. On fonctionnera à la survie au début, comme Bear Grylls (Man vs. Wild). On va pêcher, on va chasser, il y aura de l’agriculture aussi. Mais les gens pas cool ne pourront pas venir. On construit, on choisit qui peut venir, c’est la dictature du cool, c’est pas trop méchant. Il y aura un test à l’entrée, on ne veut pas de psychopathes. Les gens feront ce qu’ils veulent, ils sont libres d’aller et venir. C’est pas une secte, tu peux en sortir et on ne demande pas d’argent. À Toucanpolis, tout le monde aura 30 ans, ou moins, si tu as 70, tu auras 30 ans. Tout le monde aura une nouvelle identité, un nouvel âge. Ce sera comme une renaissance. Une journée à Toucanpolis, c’est chacun s’organise comme il veut, fait des activités. Tout sera bien organisé, tu peux avoir des enfants, Monsieur Belette s’en occupera. On est assez pour l’amour. Chacun fait ce qu’il veut, pas de jugement. Mais bon, pas de Marc Dutroux, c’est pour ça qu’il y a un test à l’entrée.

Manifesto XXI – Le secret pour penser comme ça ?

Léo : Être réaliste, quand tu es réaliste, tu te rends compte que travailler, c’est nul !

Manifesto XXI – La réaction la plus commune à votre envie ?

Léo : On nous dit qu’on est fous, mais c’est vrai. Moi ça ne me dérange pas.

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Le duo de Bleu Toucan devrait être en concert à Bamaco le 21 juin.

Personnellement je leur souhaite plein de bonnes choses pour leur cité idéale à la Platon. J’irai sûrement faire un tour à Toucanopolis si Léo et Manu mènent leur projet à bien (il paraît que j’ai passé le test !).

Nina Pareja

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