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Camps anti-homosexuels : les LGBT ne sont pas vos licornes

Camps anti-homosexuels : les LGBT ne sont pas vos licornes

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Le 5 avril 2017, l’écrivain et blogueur vétéran d’Internet William Réjault tweetait qu’il ne « croyait pas » à la bisexualité. Comme si les bisexuels étaient équivalents aux anges gardiens, au Père Noël ou aux reptiliens.

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© BuzzFeed

Le 3 avril 2017, le journal d’opposition russe Novaïa Gazeta publiait un article affirmant l’existence de prisons secrètes où des personnes seraient torturées, voire tuées, en raison de leur homosexualité. Face à ces accusations, les autorités tchétchènes ont rétorqué que l’homosexualité n’existait pas en Tchétchénie.

Ces opérations de nettoyage n’ont pas démarré par hasard mais à la suite d’une initiative de GayRussia.Ru, qui visait à organiser des prides dans plusieurs villes du Caucase du Nord. Pendant ce temps, en Europe, certains vous diront : « Je n’ai rien contre les homos, mais bon, ils ne sont pas obligés de s’afficher dans la rue comme ça… » ou « Qu’est-ce que je suis censé dire à mes enfants ? ». Comble de l’absurde, certains affirmeront : « Ah, mais s’il y a la Gay Pride, on devrait avoir droit à une Straight Pride ! ».

En 2017, en France, on laisse aux réalisateurs de Gangsterdam un plateau en access prime time pour affirmer qu’une scène de viol entre deux hommes, montrée sous un angle humoristique, n’est absolument pas homophobe ; alors là, non, pas du tout.

Partout, tout le temps, on trouve toujours des partisans du « on ne peut plus rien dire », du « on ne peut plus rire de tout » ou encore de la réplique censée couper court à toute polémique, que nous a resservie William Réjault après son tweet absurde : « C’est pour provoquer le débat« .

Depuis le petit confort hétérosexuel patriarcal, les personnes LGBT sont réduites à des faits de société, des sujets de débats, des blagues. Le désintérêt et le manque de compassion sont tels que l’on oublie que derrière le « débat », il y a des gens qui ont une histoire, une existence. On oublie que derrière le « débat », il y a des gens qui vivent ou plutôt des gens qui meurent, tous les jours, en Tchétchénie ou ailleurs.

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© La Libre Belgique

Certains se sont octroyés le droit de mettre l’identité d’autres individus à caution. Certains se sont octroyés le droit de décider qui peut exister dans l’espace public. Certains, enfin, se sont octroyés le droit de vie ou de mort sur des individus.

Mais bon, faut pas leur en vouloir. Après tout, eux aussi ont été humiliés.

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