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Biches Festival. Second round

Biches Festival. Second round

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Après une entrevue l’année dernière pour la première édition du Biches Festival (notre report ici), nous retrouvons Margaux et Tristan, les fondateurs de l’événement. Du bilan à l’évolution de ce petit coin de paradis normand, petit tour d’horizon d’un beau projet qui a su allier terroir et programmation de qualité. On se donne donc rendez-vous à Cisai-Saint-Aubin (Normandie) du 30 juin au 2 juillet !

Manifesto XXI – Pouvez-vous revenir sur le concept des Biches ?

Margaux : Alors, le principe du Biches Festival, c’est trois jours de surprises, de folies, de concerts dans la forêt, au milieu des champs. L’idée est de passer un bon moment. Le temps s’arrête et on peut profiter un peu du bon air avec de la bonne musique, de bons produits locaux. C’est faire venir des gens d’horizons différents, mixer ces populations. Avoir le paysan du coin et le hipster parisien, et que ces gens-là vivent ensemble pour un week-end. L’idée est de revenir à l’origine d’un festival : en pleine nature, en immersion avec de la musique tout le temps jusqu’à pas d’heure, de bons produits du terroir et de la bonne bière bien fraîche.

Tristan : En fait, on ne réinvente pas la roue, le concept est simple. C’est juste mettre en avant un festival classique où on est dans la nature. On danse, on boit.

Cisai-Saint-Aubin, ça peut paraître un peu perdu, pourquoi cet endroit ?

Margaux : Le bocage normand est un peu notre petit coin de paradis, on a envie de le partager avec nos amis et un peu plus. C’est une grande famille. Ce n’est pas très loin de Paris, pas très loin de la Bretagne, pas très loin de l’Angleterre pour trouver des groupes rock’n’roll. Finalement, c’est assez central.

Quel bilan faites-vous de l’année dernière ?

Margaux : On a monté le projet en cinq mois donc grosses ambitions, gros projet. On a fait émerger une marque qui commence à être reconnue dans le milieu professionnel de la musique, qui commence à être assez connue au niveau des locaux et qui fait parler. L’idée est de faire connaître des groupes, et on est assez contents du résultat parce qu’il y en a quand même certains qui ont bien émergé depuis l’année dernière, notamment The Pirouettes, Cléa Vincent, Rendez-Vous, les Pins qui ont fait un featuring avec Iggy Pop, Cannery Terror.

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The Pirouettes au Biches Festival © Élodie Ruiz

Tristan : Avec du recul, on a quand même eu mille festivaliers sur les deux jours, sachant qu’on avait pris le risque de faire ça le vendredi après-midi, donc ça, on a un peu revu. On commence plus tard le vendredi. Les Parisiens qui arrivent à 20h après le boulot, c’est jusqu’à 4h du mat’, donc il reste huit heures de live, ce n’est pas mal. On est super contents, tout s’est bien passé. Beaucoup de positif ; c’est sûr qu’on attendait plus de monde, mais c’est une première et ça va se faire petit à petit.

Margaux : Le lieu était peut-être un peu démesuré ; après, on a un champ très très grand donc ce n’est pas évident d’ajuster. Cette année, ce sera un peu différent, ce sera plutôt à taille humaine.

Vous aviez déjà organisé des projets aussi importants en termes de taille ?

Margaux : En plein air, non. Mais on avait un collectif avant, Icone, et on organisait des soirées. Moi, j’avais déjà organisé un tremplin. On avait déjà organisé des petits concerts, managé des groupes, mais un festival en plein air de cette taille, jamais.

Tristan : Après, on a roulé notre bosse dans tous les festivals en France, à tous les postes : au montage, au démontage, aux barrières, un peu tout. On avait déjà une vision d’ensemble, mais on a découvert pas mal de choses aussi.

Margaux : Ça été bien accueilli et on a été contents du résultat, quoi.

Tristan : On a prouvé aux locaux que ce n’était pas une rave party avec des drogués au milieu des champs. Il y en a qui étaient curieux, d’autres un peu sceptiques. Mais après, au niveau des bénévoles, 80% d’entre eux sont des locaux et ça, c’est une super réussite pour nous que les gens se l’approprient, qu’ils soient fiers d’avoir un événement comme ça chez eux. Même si certains appréhendaient un peu parce que c’est un endroit où la nature est super importante. Ils avaient peur qu’on détériore. Or, notre idée, c’est de montrer cet endroit et de le rendre en l’état.

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Biches Festival 2017

Après cette première expérience, qu’est-ce qui va changer, concrètement ?

Margaux : Avec le retour d’expérience, on a pris plus de temps pour organiser, revoir un peu. Déjà, on ne fait qu’une scène cette année, on fait un lieu plus ajusté. On fait aussi des nuits électro, ce qui est une nouveauté, à 10 € en prévente à partir de 23h30 le vendredi et le samedi. On a revu un peu les prix aussi, pour que ce soit vraiment abordable. Ce n’était pas très cher l’année dernière, mais c’était surtout pour les locaux.

Dans les nouveautés, on essaie d’avoir des noms qui pourraient parler à plus de monde, tout en gardant la même lignée artistique avec des groupes pop, des groupes rock, de l’électro. L’idée, aussi, c’est d’avoir plus de pop, plus de rock et plus d’électro. L’année dernière, on avait l’impression qu’il n’y avait que des groupes pop parce que les gens ne connaissaient que les noms pop, alors qu’il y avait les Pins, il y avait Cannery Terror, Tall Juan…

Une autre nouveauté, c’est que le festival dure trois jours, quand même, par rapport à l’année dernière. On a ajouté le dimanche avec cochon grillé, grande tablée avec concerts toute l’après-midi. C’est un peu une espèce de off avec pas mal de groupes normands, et on fait revenir Les chansons de ma tante, qui ont un peu été l’hymne de l’année dernière.

On a bien retenu aussi qu’il n’y avait pas de stand vegan au Biches l’année dernière, et nous avons donc un stand vegan cette année, on écoute ! Cette année, on va avoir des burgers, et un stand galettes/crêpes sucrées. Il y aura de la bière, du cidre, du vin. Il y aura un barbier, un tatoueur, mais aussi un stand pour Vanflet, qui est une marque d’amplis français d’à côté. Ils vont amener des instruments, on pourra tester les amplis. Et la caravane DJ à côté du bar pour les transitions. Au niveau des DJ sets, on aura Nördik Impakt qui vient avec Radio Phénix de Caen, mais aussi En Uniforme qui faisait déjà des petits mixes l’année dernière et qui fait des compils pour la webradio Du Spectacle. C’est un vrai digger.

Au niveau de votre identité visuelle, vous gardez la même ligne que l’année dernière ?

Tristan : Oui, des couleurs pop avec le même logo, pour identifier au maximum la marque. Pour l’affiche, on voulait quelque chose de plus explicite, pour plutôt identifier l’animal. On est partis d’un tableau de Magritte, en fait, avec cette espèce de jeu de cache-cache dans les bois, c’est un peu fantastique.

Margaux : On a un peu revu notre signature, dans le sens où avant, on disait « festival de musiques émergentes », qu’on pouvait voir comme un tremplin avec des gens non pro, alors qu’en fait, c’est plutôt de la musique indé. Donc on préfère dire « festival de musiques indépendantes dans la forêt ».

Tristan : Ils ne passent pas sur CStar encore.

Au niveau de la prog, vous avez repris des artistes locaux, comme l’année dernière ?

Margaux : Dans les groupes normands, il y a vraiment de super groupes, MNNQNS par exemple. Ils envoient bien. On a aussi Torrent d’Amour, Cannibale qui est un groupe de L’Aigle signé chez Born Bad. On a aussi Metro Verlaine, qui est super cool ; ils viennent d’Évreux. Shake The Ronin, aussi. Il y a du beau monde en Normandie.

Vous privilégiez les groupes français ?

Margaux : On fait de bonnes choses en France ! Après, il faut écouter Johnny Mafia, c’est français mais on dirait que ça vient de Californie.

Tristan : On aime bien aussi les girls bands.

Margaux : Et on aime bien la chatte molle. On a défini cette tendance musicale, qui n’est pas péjorative. La chatte molle de cette année, ça va être Pépite, par exemple.

Tristan : Ça désigne un peu tous les groupes où il n’y a pas trop de testostérone, mais avec lesquels tu bouges ton cul. C’est un groupe où tu ne pogotes pas trop, un peu chill, un peu beau.

Margaux : C’est la nouvelle variété française, en fait. Ce sont de belles chansons.

L’unité de votre prog, c’est de faire découvrir des artistes ?

Margaux : Oui, voilà, et prendre la crème de la crème de ce qui se fait en ce moment. On veut qu’il se passe un truc en live, être entièrement convaincus.

Tristan : Après, l’unité est avant tout que ça nous plaise.

Margaux : Le fait que ce soit hétéroclite, c’est ça qu’on aime bien. On fait aussi découvrir des groupes aux locaux, c’est ça qui est cool. À la rentrée, on lance des adhésions, et on va créer un groupe sur Facebook pour partager des invit’ de concerts, à Paris ou en Normandie, pour essayer d’avoir une petite communauté de gens qui vont voir des trucs, qui nous donnent leur avis sur ce qu’ils ont vu, s’ils trouvent ça Biches ou pas.

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Un artiste idéal de la prog pour boire sa bière tranquille au soleil ?

Margaux : Pépite, ce n’est pas mal. Requin Chagrin n’est pas mal non plus.

Pour bien danser ?

Margaux : Remarque, Requin Chagrin, c’est bien pour danser aussi, comme ils balancent des requins. Sinon, Las Kellies. Ou Therapie TAXI.

Et pour pogoter, alors ?

Margaux : Tu as Johnny Mafia ou Faire. C’est bien de ne pas tout mettre sur le même jour.

Pour planer ?

Margaux : Tu as Thylacine, ou French 79.

Tristan : Ou Colorado, vos chouchous.

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Il y a des infos pratiques que vous avez envie de préciser ?

Margaux : Ce n’est pas mal de le dire, il y a un camping gratuit qui n’est pas sur le site mais dans la ville, ce qui change par rapport à l’année dernière. Il y a des douches, des toilettes, et surtout la ville juste à côté. Nous, on fait des navettes de la ville au festival pour ramener les gens. C’est juste dans le centre-ville de Gacé, donc tu peux aller boire ton café tranquille le matin.

On a aussi une navette à toutes les arrivées de train, qui va de la gare de L’Aigle jusqu’au festival, ce qui est bien pour les Parisiens, parce que ce n’est qu’à une heure de Paris, et après c’est facile d’accès. C’est vrai que ça peut paraître perdu, mais l’idée est d’en faire une force, de dire : « Viens te perdre avec nous dans la forêt des biches et oublier un peu le temps ».

Vous avez des idées ou envies que vous souhaitez réaliser à l’avenir pour Biches ?

Margaux : Oui, on a plein d’idées ! On a envie de faire une exposition photo. Là, on essaie d’avoir pas mal de bons photographes cette année, on a Philippe Lévy qui était le photographe officiel de Villette Sonique. On essaie de voir pour d’autres aussi. L’idée, c’est d’avoir plein de clichés cette année, et de faire une exposition qu’on pourra présenter aux Biches 3 ou 4, qu’on pourra peut-être faire à Paris, en Normandie. On aimerait faire un petit tremplin aussi, pas tout de suite. Des petits concerts, s’associer à des collectifs et des magazines pour faire des soirées dans l’année.

Tristan : Le truc qu’on aimerait bien, à terme, c’est vraiment créer un village éphémère pendant le Biches, monter des tipis, qu’il y ait différents styles de logements. La communauté des Biches, pendant un week-end. Après, il y a d’autres idées en scéno, continuer sur le thème de la récup’. Des idées, on n’en manque pas. Déjà, on met bien en place le concept de base : la musique dans la nature.

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