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Biches Festival : La musique est dans le pré

Biches Festival : La musique est dans le pré

A LA DECOUVERTE DE CISAI-SAINT-AUBIN

Après une épopée en Blablacar sur fond de musique africaine, nous arrivons dans la petite ville de Cisai, en Normandie, où se déroulait la première édition du Biches festival. Avant de commencer les festivités, on décide de faire une escale à Gacé, petite bourgade voisine afin de se restaurer. On y découvre le Café de la paix, dont le prix des consos est à peu près 12 fois inférieur à celles de son homonyme parisien.

Dans ce petit bar PMU, comme dans tous les PMU de France et de Navarre,  ça picole sec dès 11h du mat et ça tombe très bien car on a grand soif (et pas de diabolo grenadine)! On sent le village en ébullition face au festival, les biches sont dans toutes les conversations, placardées sur les vitrines des magasins et sur les t-shirt des caissières de l’Intermarché.

Retour sur le lieu du festival (Cisai, si vous avez bien suivi) où nous devons emprunter maints chemins sinueux et tarabiscotés avant d’accéder au Graal. C’est à ce moment-là que nous avons fait la rencontre fortuite de Jérôme, un sympathique agriculteur, venu faire griller des saucisses bénévolement au stand merguez.

Big up a lui et à ses collègues qui nous ont régalé de succulents sandwichs pendant le festival. On notera que nos amis vegan étaient un poil lésés sur le plan de la nourriture puisque les autres options étaient des burgers sanguinolents et des crêpes pleines d’oeufs et de lait…aïe !

Après une fouille au corps digne d’une douane américaine, un ascenseur émotionnel de chatouilles et de palpage haute définition, on arrive enfin devant les deux scènes en plein air. Une grande étendue d’herbe, un petit bar cool, deux belles scènes …nous sommes accueillies chaleureusement et on a hâte de se plonger dans le vif de cette belle programmation !

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PREMIER JOUR: DES BICHES ET DES PIROUETTES

Après Ariel Ariel, les 5 chevelus de Biche entrent en scène pour nous livrer leur dream pop psychédélique, un son cosmique et planant parfaitement maîtrisé. Voir Biche en concert c’est un peu la seule manière d’écouter leur musique puisqu’ils n’ont rien sorti d’officiel sur les internets hormis quelques lives sur Youtube.

Ils devraient peut être plutôt s’appeler Licorne, tant ils sont mystérieux. On était bien, assis sur l’herbe à écouter les douces voix des deux Alexis, qui montaient parfois dans des aigus vertigineux, nous berçant dans un état de rêve éveillé. On a pu les rencontrer et discuter autour d’une bière locale aussi bien du dernier album de Tame Impala que de youtubeuses beauté.

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Cléa Vincent

A 19h il y avait le concert de Juniore dont on a malheureusement pu voir que la fin en raison de biches un peu bavardes. Leur interview pré-concert arrive néanmoins très bientôt sur Manifesto, n’ayez crainte !

On a pu voir Cléa Vincent, vêtue d’un joli bomber rose, nous interpréter des titres avec son super synthé, c’était fun, c’était sucré, ça donnait envie de faire des ronds avec son bassin. Même si finalement on est restées assises pour cause de sénilité précoce.

Après une pause sandwich saucisse, le parrain du festival en perfecto rouge du nom de Little Bob a enflammé le Biches festival dans un style concert de Johnny pour rockeurs vétérans à la moustache mousseuse et le biceps tatoué. « Je m’y attendais pas » comme dirait Cléa Vincent.

S’en est suivie la vraie bonne découverte du festival selon nous : Pins, des meufs ultra badass venues de Manchester avec des morceaux bruts et hyper efficaces qui rappelaient parfois The Jesus and Mary Chain et My Bloody Valentine. On va les suivre de très près.

On a fini la journée avec The Pirouettes, les amoureux Victoria et Léo, qui ont fait danser le public des Biches sur leur pop électronique avec des morceaux tubesques comme « Dernier Metro » ou « Danser dans les boîtes de nuit ».

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Born Idiot

DEUXIEME JOUR: AMOUR, BOIRE ET SAUCISSES

Après un tour au Café de la paix et 5 expressos plus tard, nous voilà reparties pour le deuxième jour du festival. On commence par Born Idiot, de la bonne pop un peu sale comme on aime ! Tu sais que c’est des kiffeurs quand le batteur porte un t-shirt Fidlar. On avait déjà fait une session accoustique avec nos petits bretons il y a un an, à leurs débuts et on a donc pu constater leur évolution et papoter de leur actu et projets.

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Dans la même veine que des groupes comme Beach Fossils, Midnight Club et tous les groupes signés sur Captured Tracks, ils produisent un son ensoleillé, rétro et pas trop propre. S’ils devaient signer chez un label ça serait Bayonet Records, géniteur de Jerry Paper et Frankie Cosmos entre autres et se sentent un peu comme un OVNI à Rennes, où le rock garage règne en maître. Leur musique est accompagnée de l’artwork cool et DIY de Camille Le Treust qui mêle collage et dessin. On attend leur album qui devrait sortir en février 2017 !

Après les concerts des Chansons de ma Tante (le deuxième projet de Cléa Vincent), Beat Mark et Beach Youth, on prend une grosse claque avec Cannery Terror, groupe garage de qualité composé de Clara Cappagli et Roxane Douieb entourées de leurs potes Nico, Paul et Guillaume. Comme d’hab, en live ça déchire grâce à la voix profonde et habitée de Clara, son énergie animale et l’alchimie avec Roxane qui a même poussé quelques cris gutturaux, mieux qu’un groupe de black metal norvégien.

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Tall Juan

S’en suit Splash Wave puis Tall Juan (qui est vraiment très très grand) qui dévoile son corps et son âme sur scène, grattant avec frénésie les cordes de sa guitare acoustique qui cèdent au milieu du concert. Mais pas de panique, Juan répare tranquillement sa corde et lâche même quelques blagues.

Outre son humour à toute épreuve, son langage corporel transpire le sexe : il s’attrape l’entrejambe, se déhanche furieusement, pousse des petits gémissements… C’était un peu le toy-boy des Biches, en tout cas ça a donné chaud à Marie-Christine, venue prendre des photos du festoche.

On finit en beauté avec Rendez-vous, LE groupe qu’on attendait, celui qui a su conquérir à peu près tout le monde en 2016 avec ses sonorités post-punk et cold-wave ultra maîtrisées. En live c’est un sans faute et c’est un des seuls concerts qui fait pogoter furieusement le public à l’unisson.

En plus c’est à ce moment-là que je découvre le stand de cidre, et c’était sûrement le meilleur qu’il m’ait été donné de boire. Autant vous dire que j’étais au nirvana.

Le DJ set qui a suivi a mis une ambiance, il faut l’avouer, un peu Club Med Agadir, ce qui avait son charme mais aussi ses détracteurs. Le set s’est arrêté brusquement, dans la panique générale, et le mec derrière ses platines s’est exclamé qu’on lui avait honteusement dit d’arrêter de « jouer de la musique maghrébine » à cause du « climat actuel ». Clash. On vous avoue qu’on a pas bien compris l’histoire mais en tout cas ça nous a bien fait marrer.

Bilan : Pour une première édition, le Biches festival nous a agréablement surprises et on vous conseille vivement de vous y rendre l’année prochaine si vous aimez les concerts à petite échelle, le rock, la pop et les saucisses.

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